Ascension shiite dans la région ANMO

Nouvelle session du webinaire "La participation politique dans son contexte "extrême" au Moyen-Orient", organisée par la FMSH et l'Ifpo pour le projet PAVE, avec les interventions de Fatima MOUSSAOUI et Habiba ASHRAF SHERIF.

Présentation des interventions

► "L'Imamat comme stratégie d'influence"
par Fatima MOUSSAOUI 
Fatima MOUSSAOUI prépare un double doctorat en Relations Internationales à l’UNED Madrid et en Histoire Contemporaine à l’EPHE Paris sur la guerre par procuration au Moyen Orient et dans le Golfe persique. Elle a quinze années d’expertise dans les médias en tant que journaliste, réalisatrice, productrice et chercheure. Elle a produit et réalisé plusieurs films documentaires sur les zones de conflits et post-conflits dans la région MENA, pour des diffuseurs internationaux comme Al Jazeera network, Sky News, BBC World et bien d’autres.

Résumé

Le concept d’imamat en tant que dogme religieux et doctrine politique constitue le fondement de la stratégie d’influence iranienne depuis 1979. Les analyses des spécialistes de l’Iran se sont souvent concentrées sur la politique intérieure et étrangère iranienne, et se sont peu penchées sur l’impact de l’imamat dans sa stratégie d’influence régionale au Moyen Orient et dans le golfe Persique. À cet effet, il est nécessaire d’effectuer une lecture rétrospective du fondement de l’imamat, et saisir le dynamisme du transfert de savoir-faire imamite vers l’extérieur du pays. Cette démarche est indispensable pour comprendre les tenants et les aboutissants de la stratégie d’influence iranienne.

Notre éclairage se focalise sur les fondements de l’idéologie khomeyniste depuis la révolution iranienne de 1979. Ces fondements dogmatiques sont porteurs d’une référence religieuse à connotation spirituelle et culturelle. Cette dernière est nécessaire à saisir dans une démarche d’analyse le rôle spirituel et temporel de l’imamat comme outil de mobilisation, de recrutement et de fidélisation des jeunes et moins jeunes pour adhérer à un idéal idéologique.

► "Comment Ansar Allah a-t-il "tenu" durant six années de guerre ? La construction d'un réseau militant"
par Habiba ASHRAF SHERIF
Maître de conférence en sciences politiques (Faculté d’économie et de science politique - Université de Caire, FESP) et chercheure post-doctorante à l’Ecole Normale Supérieur de Paris

Résumé

La question à laquelle nous tentons de répondre est : dans quelle mesure la guerre yéménite fournit-elle un contexte propice au maintien de l'engagement militant au sein du mouvement d’Ansar Allah, voire même l’élargissement de ses réseaux de recrutement, et la stimulation de la « société de la résistance » ? On emprunte ce terme au Hezbollah pour désigner une forme de société construite en parallèle, inspirée du paradigme de Karbala. Par le terme de résistance il faut entendre la résistance non seulement armée, mais aussi sociale et politique, voire la résistance contre tout genre d’oppression.  Dans le cas yéménite, depuis 2002, Hussein al-Houthi a cherché avec son cycle de conférences à reconfigurer les contours de la communauté chiite et à édifier une société de la résistance autour d’un programme idéologique et politique. Dans ce sens, la société de la résistance se limitait à la sphère idéologique et n’avait pas de traduction matérielle. Le déclenchement de la guerre de Saada en 2004 a marqué une nouvelle réalité militante, à travers la résistance de la communauté chiite zaydite en tant que telle, aboutissant à l’expression et matérialisation d’un « nous » collectif. Nous verrons alors comment depuis fin 2014, Ansâr Allah cherche à élargir la construction d’un réseau militant dans le Nord du Yémen.