C’est quoi le Sahel ?

Présentation d'une recherche en cours dans le cadre des "Jeudis de la Maison Suger", séminaire de recherche des résidents.

Barbara Cooper est professeure d'histoire africaine à Rutgers, the State University of New Jersey, aux États-Unis. Ses recherches portent sur le genre, la vie familiale, la religion, la santé reproductive et le droit de la famille tout particulièrement au Sahel. Elle est l'auteure de Countless Blessings: A History of Childbirth and Reproduction in the Sahel (Indiana, 2019), Evangelical Christians in the Muslim Sahel (Indiana, 2006) et Marriage in Maradi: Gender and Culture in a Hausa Society in Niger, 1900-1989 (Heinemann, 1997). Elle est coéditrice avec Catherine Baroin du recueil La Honte au Sahel (Sépia, 2018). Son projet actuel propose des études de cas de débats historiques sur le christianisme en Afrique, provisoirement intitulé Conversations chrétiennes.

Le thème du projet de recherche

« Le Sahel est à la fois une catégorie écologique et une réalité sociopolitique complexe pour ceux qui y vivent.  Conçu historiquement comme la « côte » méridionale du désert du Sahara, il est profondément lié aux peuples, aux langues et aux modes de vie du Sahara. Au fil des siècles, il s'est profondément islamisé, mais les voyageurs arabophones l'appelaient le Soudan, le pays des Noirs. Il s'inscrit difficilement dans un cadre culturel arabe. Bien qu'il ait toujours été un espace de « brassage » de cultures et de peuples différents, les modes de vie et les intérêts politiques des différentes formations ethniques ont engendré des frictions de longue date. Au XX^e siècle, le Sahel a pris un fort « accent français » à la suite de la conquête militaire et de l'administration de l'Afrique occidentale française. Pourtant, il est plus facilement identifiable comme une zone climatique spécifique avec une flore, des précipitations et des paysages distincts, définis par contraste avec le désert au nord et les zones plus boisées au sud. Il s'agit en fait d'un espace liminal.  Avec les sécheresses des années 1970 et 1980, le Sahel a été de plus en plus perçu comme un espace de fragilité environnementale. Cette perception s'est durcie avec l'attention croissante portée au changement climatique. Aujourd'hui, le Sahel est perçu comme un lieu de terrorisme. La question laissée en suspens dans ces modes de réflexion changeants sur une abstraction spatiale est de savoir comment les peuples de la région se sont perçus et ont vécu leur paysage au fil du temps. »

L'intervenante

• Barbara Cooper est professeure d'histoire africaine à Rutgers, the State University of New Jersey, aux États-Unis.