Silence, absence et politique de la mémoire dans les « séquelles » de guerre et de génocide des diasporas d'Asie du Sud-Est

Présentation d'une recherche en cours dans le cadre des "Jeudis de la Maison Suger", séminaire de recherche des résidents.

Cette séance, animée par Khatharya Um, nous invite à réfléchir sur la manière de préserver les mémoires collectives et sur les leçons à tirer des atrocités du passé pour éviter leur répétition. La présentation invite à la réflexion sur notre responsabilité commune face aux défis du futur. 

Le thème de la séance

« Même dans un siècle d'atrocités de masse, la révolution et le génocide qui ont eu lieu au Cambodge de 1975 à 1979 après la prise du pouvoir par les Khmers rouges le 17 avril 1975, ont constitué l'un des chapitres les plus extrêmes et les plus brutaux du XX^e siècle. En moins de quatre ans, près de deux millions des sept millions d'habitants que comptait le Cambodge ont péri, victimes des travaux forcés, de la maladie, de la famine, des exécutions et des disparitions, laissant dans le sillage de l'effondrement du régime en 1979 une population composée essentiellement de femmes et d'enfants. De 500 000 à 600 000 autres Cambodgiens ont fui leur terre ancestrale. La nation cambodgienne, aujourd'hui divisée par la dispersion massive, porte l'empreinte indélébile du génocide qui continue de s'inscrire dans la culture, les institutions, les familles et la psyché cambodgiennes, tant au Cambodge que dans la diaspora. Un silence et une absence obsédants planent sur les familles cambodgiennes et transgénérationnelles cinq décennies après le génocide.

Cette conférence explore les thèmes de l'absence et du silence dans les séquelles de la guerre et du génocide, envisagée comme un partage de certaines idées issues de mon travail sur et avec les communautés d'Asie du Sud-Est, et comme une invitation à réfléchir collectivement à une question clé de notre époque, à savoir ce que signifie vivre à travers et avec des traumatismes historiques.  Bien que l'exposé soit centré sur les expériences de l'Asie du Sud-Est, les questions soulevées ont une résonance mondiale à l'heure de la prolifération des guerres et de la violence génocidaire. »

L'intervenante

Khatharya Um est politologue, doyenne associée du département des Sciences sociales et Professeure associée au Département des études ethniques de l'Université de Berkeley, Californie. Elle est cofondatrice du "Critical Refugee Studies Collective". Ses travaux portent sur l'Asie du Sud-Est et les études sur les diasporas asiatiques, les migrations et les études critiques sur les réfugiés, les études postcoloniales, les études sur les génocides, les études sur la paix et les conflits, et les politiques de la mémoire.