Kenta Ohji
Kenta Ohji est professeur au département de langue et littérature françaises à la Faculté des Lettres de l’université de Tokyo. Spécialiste de la pensée politique et de l’historiographie au XVIIIe siècle français, il a notamment co-dirigé l’édition critique de l’Histoire des deux Indes de Raynal-Diderot (Fernay-Voltaire, Centre international d’étude du 18e siècle, 2018-2023, 3 derniers volumes), et fait paraître Le Législateur évanescent : Politique et histoire dans la philosophie des Lumières (Nagoya UP, 2023, en japonais), études sur Montesquieu, Rousseau et Diderot organisées autour de la figure du législateur. Il s’intéresse également aux relations entre les philosophes du XXe siècle (Althusser, Foucault, etc.) avec la philosophie des temps modernes, ainsi qu’à la réception de la culture occidentale chez les auteurs japonais du XXe siècle.
Le projet
Titre : Élargir la perspective des études dix-huitièmistes
« En continuité de mes travaux sur la philosophie politique et l’historiographie des Lumières françaises, je me propose de poursuivre mes recherches sur le tournant de la philosophie des Lumières dans la période allant de la fin du XVIIe siècle et jusqu’au milieu du XVIIIe siècle : la question centrale est celle de savoir comment la « politique » au sens large s’impose au centre du débat philosophique après ce tournant du siècle, pour se détacher de la problématique théologique et métaphysique de la période précédente. Les discussions sur le droit naturel depuis Hobbes, Pufendorf et Leibniz jusqu’à Montesquieu, Rousseau et Diderot, constitueront notamment l’objet principal de mes recherches sur ce plan. Par ailleurs, en cours de préparation d’une traduction japonaise du cours de Foucault dans les années 1950 (La question anthropologique), je me consacrerai aussi à mener des investigations dans le fonds Foucault à la BNF, incontournable pour achever ce travail. Foucault y retrace l’évolution des thèmes principaux de ce qui sera l’anthropologie philosophique aux XIXe-XXe siècles, en remontant jusqu’à la révolution scientifique du XVIIe siècle, d’une part, et à l’émergence de la critique kantienne à la fin du XVIIIe siècle, de l’autre : sur ce point, mes investigations me permettront de replacer les études dix-huitièmistes dans une perspective plus large, à l’aide de Foucault qui se proposait la critique historique de l’anthropologie philosophique bien avant l’Histoire de la Folie et Les mots et les choses. »
Institution d'accueil : Sorbonne Université
Bibliographie sélective
- Éprouver l’universel : Essai de géophilosophie, Paris, Kimé, 1999, 155 p. (co-écrit avec Mikhaïl Xifaras).
- Le Législateur évanescent — Politique et histoire dans la philosophie des Lumières, Presses Universitaires de Nagoya, 2023, 521 p. [en japonais]
- Guillaume-Thomas Raynal, Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, Fernay-Voltaire, Centre international d’étude du 18e siècle, t. II-IV, 2018-2023.(co-direction ; présentation et annotations du livre XVIII)
- « Civilisation et naissance de l’histoire mondiale dans l’Histoire des deux Indes de Raynal », Revue de synthèse, t. 129, 6e série, n° 1 (2008), p. 57-83.
- « Nécessité / Contingence : Rousseau et les Lumières selon Louis Althusser », Lumières, no. 15 (2010), p. 89-111.
- « Raynal, Necker et la Compagnie des Indes : quelques aspects inconnus de la genèse et de l’évolution de l‘Histoire des deux Indes », dans Gilles Bancarel (éd.), Raynal et ses réseaux, 2011, p. 105-181.
- « Premières réceptions d’Althusser au Japon », La Pensée, no. 382, Avril/Juin 2015, p. 127-137.
- « Par-delà la volonté générale. Le ‘concert de volontés’ selon le dernier Diderot », dans Marie Leca-Tsiomis et Ann Thomson (éd.), Diderot et la politique aujourd’hui, Paris, Société Diderot, collection « L’Atelier », 2019, p. 25-43.