Traduire Édouard Glissant : de la translation à l’interprétation

28 juin | Journée d’étude organisée par le Réseau de recherche international MCTM (FMSH-LC2S/PHEEAC-CESSMA)
Vendredi
28
juin
2024
09:30
19:00
Tourbillon peinture

Le Réseau de recherche international MCTM (FMSH-LC2S/PHEEAC-CESSMA) organise une nouvelle journée d'étude : Traduire Edouard Glissant : de la translation à l’interprétation.

Cette journée réunit plusieurs traducteurs de l’œuvre d’Édouard Glissant (italien, japonais, suédois) en s’interrogeant sur la possibilité de transposer dans l’opération même de traduction, l’approche glissantienne d’un imaginaire des langues où la pluralité et la présence de la totalité des langues questionne les prétentions universalistes d'un particulier qui fait d’une langue ou de certaines de ses usages l'expression universelle du rapport entre l'homme et le réel. C’est pourquoi, dans L’imaginaire des langues, Glissant affirme que la seule manière d’envisager l’universel est celle de la présence et de la relation de toutes les langues à partir de l’indispensable médiation de la traduction. Comme le souligne Souleymane Bachir Diagne, faisant référence au projet de traduction de Kwasi Wiredu, « l’invitation à apprendre d’autres langues, signifie sortir de l’universalisme du Logos pour comprendre d’abord que toute langue est une parmi plusieurs et ensuite que l’universel s’évalue dans l’épreuve de la traduction ». [1]

Jusqu’où est-il possible - dans cet exercice de conversion et de ré-encodage dans une autre langue - d’accéder à cet imaginaire, de faire converger la diversité des langues et de dégager l’écriture du monolinguisme ? L’universalisme dépouillé du Logos n’est-il accessible qu’aux locuteurs et traducteurs plurilingues ? La pluralité désirée n’est-elle pas entravée à partir du moment où survient la nécessité de « traduire » qui suppose l’usage d’un autre code ? La pesanteur de ce code en vient-elle à être vaincue sous l’effet du sens traduit qui nous parle de la convergence et de l’emmêlement des modes de dire le monde ? En d’autres mots, le « sens » une fois traduit suffit-il à bousculer et défaire les codes ? La déstabilisation de l’univocité de la langue n’est-elle pas déjà contenue dans les usages multiples de son code ? Plus généralement, la réflexion qui relie les opérations de traduction à la vision philosophique portée par la perspective glissantienne ne nous invitent-t-elles pas à réfléchir sur d’autres aspects de l’œuvre, sur ses possibles apories comme sur ses fulgurances à la fois poétiques et interprétatives du « réel » antillais et de celui du « Tout-monde » ?

[1] Bachir-Diagne, Souleymane et Amselle, J. L. En quête d'Afrique(s) : universalisme et pensée décoloniale. Paris : Albin Michel, 2018, p. 76

Programme
Matin

9h30-10h
Accueil

10h
Introduction - Esteban Gonzales et Christine Chivallon

10h15-11h
Ton : Traduire le multilinguisme glissantien au-delà des langues - Christina KULLBERG, Université d'Uppsala

11h-11h15
Pause

11h15-12h
Traduire Édouard Glissant - Giuseppe SOFO, Université de Venise

12h-12h30
Discussion générale avec Sam COOMBES, Université d'Edimbourg

Pause déjeuner

Après-midi

14h30-15h15
La traduction comme tourbillon du monde - Takayuki NAKAMURA, Université Waseda (Tokyo), chercheur invité au CESSMA

15h15-16h
L’imaginaire des langues : la traduction et la dialectique asymétrique de la Relation entre les langues - Esteban Gonzales, Philosophe, membre de MCTM et chercheur associé au LLCP, Université de Paris 8

16h-16h15
Pause

16h15-17h
Traduire Edouard Glissant en anthropologie - Christine Chivallon (sous réserve), MCTM, directrice de recherche CNRS

17h-17h30
Discussion générale de conclusion avec Sam COOMBES, Université d'Edimbourg

→ Retrouvez les résumés des interventions

Publié le 22 mai 2024