Réforme sociale et mesure de la pauvreté dans l’Égypte (post)coloniale

Les interprétations économétriques des effets de la domination coloniale moderne fondées sur les statistiques coloniales et les recherches qui interrogent les interactions entre les empires coloniaux, les populations colonisées et les institutions internationales, suscitent un intérêt renouvelé pour la production statistique impériale. Celle-ci reste pourtant mal connue.

Découvrez la sixième séance du séminaire « Chiffrer et déchiffrer les empires, XVIII-XXI^e siècles » : « Comment évaluer les dégâts matériels causés lors de l’insurrection malgache de 1947 et de sa répression ?  » avec Malak Labib, chercheuse associée à l’Institut Français d’Archéologie Orientale au Caire. Ses travaux actuels s’intéressent à l’histoire de la quantification et des politiques de développement dans l’Égypte de la seconde moitié du XX^e siècle. Elle a récemment publié Recenser l’Égypte. Dette publique et politiques de quantification à l'ère impériale (1875-1922) (IFAO-CEDEJ, 2024).

Cette présentation retrace les premiers débats autour de la pauvreté et des niveaux de vie en Égypte au cours des années 1900-1950, à travers l’analyse des enquêtes sur les budgets de familles et la consommation des ménages. Il s’agira de s’interroger sur la construction simultanée de mesures, de politiques, et de cadres discursifs autour de la pauvreté, à une période de décolonisation marquée par les premiers débats autour du rôle de l’État dans la prise en charge du social et par l’émergence de la « population » comme problème économique et politique central. La présentation reconstitue les interactions entre les divers acteurs engagés dans la production de ces savoirs – statisticiens, économistes, médecins et réformateurs sociaux ; elle s’appuie sur une documentation étatique, des travaux de sciences sociales produits par des contemporains ainsi que des sources de presse.