Pratiques d’identification de l’habitus dans la petite enfance

Découvrez la douzième séance du séminaire « Regards croisés sur la petite enfance » 2024-2025 : « Pratiques d’identification de l’habitus dans la petite enfance ».

Le séminaire aborde la question de la petite enfance sous l’angle d’une construction sociale, historique et culturelle. Les théories et savoirs relatifs à la conception, la naissance et au développement de l’enfant y sont analysés dans ses interactions avec son entourage et selon les normes de genre. Dans ce contexte, le séminaire s’intéresse aux frontières de cette catégorie d’âge et aborde la question de sa temporalité selon les normes médicales, internationales, anthropologiques ou historiques.

En dépit de l’impression parfois laissée par les sciences du développement, la naissance d’un enfant, puis les premières années d’existence des jeunes humains, ne se déroulent pas comme des processus purement objectifs, matériels. Ces processus sont pris, dès les premiers instants, dans une économie symbolique, plus ou moins locale, et donc potentiellement informés par elle. En particulier, interviennent des logiques d’identification, par les adultes, de ce que sont censés « être » les enfants ; c’est-à-dire du genre de personne qu’ils incarneraient spécialement, par opposition implicite avec d’autres genres de personne (d’autres genres d’enfants possibles). À partir d’un matériau tiré d’une enquête longitudinale menée durant trois années sur des jeunes enfants, il s’agit d’interroger les relations entre ces pratiques d’identification (par exemple : dire d’un bébé qu’il est « dynamique » ou « timide » etc.) et la formation effective de l’habitus. Ces pratiques varient-elles suivant les positions, les configurations sociales ? Dans quelle mesure sont-elles le résultat d’observations, dans quelle mesure au contraire fonctionnent-elles sur le mode de l’à priori performatif ? Comment, par ailleurs, penser les liens entre l'habitus, qui renvoie précisément sur le plan théorique à l’idée d’un genre de personne singulier (ou du moins d’une classe particulière de personne), et ces identifications profanes d’une supposée première « personnalité » ?

• Wilfried Lignier est directeur de recherche au CNRS, membre du Centre européen de sociologie et science politique (CESSP, EHESS-CNRS-Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
• Discutant : Michel Christian est un historien à l'université de Genève