Photographies de la vie politique en Russie après le 24 février 2022

17 octobre | Séminaire de Denis Skopin
Jeudi
17
octobre
2024
18:00
19:30
Jeudis de Suger D. Skopin

Présentation d'une recherche en cours dans le cadre des "Jeudis de la Maison Suger", séminaire de recherche des résidents.

Denis Skopin est titulaire d'un doctorat en philosophie de l'université Paris 8. Il a occupé plusieurs postes de recherche, dont celui de directeur de recherche à la Maison des sciences de l'homme (Paris), et a enseigné à la faculté des arts et sciences libérales de l'université de Saint-Pétersbourg. Ses recherches et son enseignement portent sur la photographie, la philosophie politique et l'histoire, et plus particulièrement sur les pratiques photographiques et la circulation des photographies sous les dictatures et les régimes autoritaires.

Le thème du projet de recherche

"L'objectif de ce projet est d'écrire une « histoire visuelle alternative » de Poutine et de son régime. On peut affirmer qu’aujourd’hui, l’« iconographie » de Poutine et de son régime a déjà pris forme. C'est le résultat d'un long processus de consolidation du pouvoir de Poutine et de la clarification progressive de la nature de son régime, qui a passé d'une simulation de démocratie à un gouvernement ouvertement dictatorial. Cependant, aucune étude sérieuse n'a été consacrée à l'iconographie de Poutine lui-même et du poutinisme en tant que système politique. Les publications existantes se limitent à de courts et rares articles consacrés à des photographies individuelles. Ces publications ont eu une importance temporaire et sont aujourd'hui oubliées. Le projet de recherche vise à écrire une histoire visuelle alternative du poutinisme en déconstruisant les récits visuels existants sur les élites russes. Du point de vue empirique, cette tâche peut être décrite comme l'identification de photographies «fausses », c'est-à-dire de photographies qui, dans une mesure plus ou moins grande, donnent au spectateur une fausse impression du gouvernement russe et de la vie politique dans le pays. Il existe au moins deux types de documents visuels qui diffèrent l'un de l'autre et que l'on peut classer provisoirement dans la catégorie des photos « qui trompent ». D'une part, il s'agit de photographies de Poutine comme « leader fort ». Bien que les images de Poutine qui ont pris forme dans les médias illustrés russes et occidentaux soient différentes, elles ont une chose en commun : dans les deux cas, Poutine apparaît comme un dirigeant « fort ». Alors que l'image d'un dirigeant fort a des connotations positives dans les médias officiels russes, dans la presse occidentale, on observe une tendance à "diaboliser" Poutine. D'autre part, il s'agit de photos qui ont été manipulées. À titre d'exemple, on peut citer une photo du chef de l'Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill (accusé par la presse libérale d'être un agent du FSB), sur laquelle une montre-bracelet d'une valeur de plusieurs dizaines de milliers de dollars a été retirée. L'objectif du projet est de déterminer la place de ces manipulations photographiques (directes et indirectes) dans la structure du régime et la façon dont elles le caractérisent."

L'intervenant

Denis Skopin : professeur d'histoire et de la philosophie politique, chercheur associé à l'EHESS - CERCEC

Publié le 9 octobre 2024