Peut-on se débarrasser de l’amour avec de l’eau de Javel ? Affects, genre et conjugalité en Amazonie péruvienne

Séminaire d'Anthropologie américaniste | Vendredi 15 janvier
Vendredi
15
janvier
2021
10:00
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Troisième séance du séminaire d'Anthropologie américaniste 2020-2020 en visioconférence

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Intervenante :

Magda Helena Dziubinska – postdoctorante anr amaz, las

Discutant :

Olivier Allard – ehess, las

Peut-on se débarrasser de l’amour avec de l’eau de Javel ? Affects, genre et conjugalité en Amazonie péruvienne

« Avant les femmes souffraient beaucoup. C’est parce que mes aïeux ne connaissaient pas encore l’amour, à cette époque ils ne savaient pas comment tomber amoureux ». Cette affirmation d’une interlocutrice approchant la soixantaine servira de point de départ pour aborder les rapports d’amour et les affects parmi les Kakataibo d’Amazonie péruvienne. L’amour romantique n’est pas un objet d’étude nouveau pour les sciences sociales et plusieurs chercheurs se sont penchés sur les relations amoureuses et leurs différentes formes d’expressions, ainsi que sur les symboles et les imaginaires qui les sous-tendent dans différents contextes culturels. Considéré habituellement comme un dérivé de la modernité lié à la montée de l’individualisme, et au déclin de l’importance des liens de parenté et des obligations sociales, l’amour romantique est devenu une grille de lecture féconde des transformations culturelles, politiques et économiques. Pour intéressantes que soient ces perspectives, elles laissent finalement peu de place à la réflexion sur l’affect lui-même, considéré comme universel et donc allant de soi. C’est précisément cet angle mort des écrits anthropologiques sur l’amour qu’il s’agira d’explorer à partir de l’ethnographie amazonienne. Qu’est-ce que l’amour pour les Amérindiens ? Comment est-il mis en récit ? Quelle forme d’attachement et d’expérience désigne-t-il ? Comment apprend-on à tomber amoureux ? Peut-on le contrôler ? À la charnière entre l’anthropologie des affects, du genre, les études féministes et l’ethnographie du sensible, cette présentation tentera de répondre à ces questions en mettant en lumière les différents aspects de « l’imaginaire affectif » (Navaro 2017) amérindien.

 

Contact : anathari@ehess.fr

Publié le 15 janvier 2021