Normalités malades ? Déplacer les discussions sur la pathologie

Présentation d'une recherche en cours dans le cadre des "Jeudis de la Maison Suger", séminaire de recherche des résidents.

Fabian Freyenhagen est philosophe de formation, mais il travaille dans les frontières sauvages entre les disciplines. Il est également membre du Centre des droits de l'homme à l'université d'Essex. Ses recherches et collaborations actuelles portent sur la détresse et son contexte social. Spécialiste des débuts de l'École de Francfort, il s'inspire (aussi) depuis peu de Michel Foucault. Il dirige une nouvelle initiative de recherche émergente, le Centre for Investigating Contemporary Social.

Le thème du projet de recherche

« On parle beaucoup d'une crise de la santé mentale, avec un nombre croissant de personnes diagnostiquées comme souffrant d'une maladie psychiatrique et une épidémie de prescription de médicaments psychotropes, surtout d'antidépresseurs. Dans le même temps, l'attribution d'une pathologie aux personnes en détresse fait l'objet de critiques de plus en plus virulentes - concernant la validité des catégories de diagnostic, l'efficacité et la spécificité des médicaments psychotropes utilisés comme traitement principal, et les dommages iatrogènes produits. Il est peut-être temps de déplacer le débat sur la pathologie au niveau social. Que nous apprend sur le corps social le fait que l'attribution d'une pathologie psychiatrique à une personne soit devenue une normalité statistique ? La maladie normale est-elle le signe que notre normalité sociale est malade ? Le fait de déplacer le discours sur la pathologie au niveau social pourrait-il aider à aborder le contexte social de la détresse et à contrer le fait que ce contexte est obscurci par la médicalisation de la détresse ? »

L'intervenant

• Fabian Freyenhagen est professeur de philosophie et membre du Centre des droits de l'homme à l'université d'Essex.