L’intelligence artificielle. Entre science et marché

Séminaire du GRETS - Mardi 2 février
Mardi
02
février
2021
09:30
09:30
""

Intervention de Jean-Sébatien Vayre – GREDEG – Université Côte d’azur. La séance sera introduite par Cécile Caron - EDF R&D.

 Inscription obligatoire

Merci de bien vouloir vous inscrire pour bénéficier du lien de connexion à distance.
Attention ! Le lien ne fonctionne pas avec certains navigateurs web. Il fonctionne avec Mozilla Firefox.

D’un côté, l’intelligence artificielle est à la mode : les principaux acteurs politiques et économiques engagés dans le développement des technologies numériques la promeuvent avec ferveur. D’un autre côté, l’intelligence artificielle fait débat : certains vont même jusqu’à proclamer qu’elle n’existe pas (cf. Julia, 2019). L’intelligence artificielle est-elle un mirage ? Dans cette communication, nous verrons que non. Nous montrerons plus exactement comment s’est construite cette confusion qui caractérise l’intelligence artificielle dont l’existence est bel et bien réelle. Pour ce faire, nous soutiendrons que l’intelligence artificielle est une discipline scientifique qui, dès le départ, a été couplée à une pratique économique produisant un déséquilibre entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Nous ajouterons alors que c’est précisément ce déséquilibre qui est à l’origine du flou qui existe autour de cette discipline scientifique et, plus largement, de l’instabilité qui caractérise son évolution.

Nous montrerons plus exactement comment, sur le plan historique, le financement de l’intelligence artificielle recouvre deux grandes stratégies socio-économiques qui sont problématiques. Dans la première, le financement de cette science repose sur des « coups de bluff » qui ont pour effet de produire des cycles de promesses/déceptions (cf. les hivers de l’intelligence artificielle) qui perturbent la réalisation de ses programmes scientifiques, mais aussi le déploiement des applications technologiques qui en sont issues. Dans la seconde, ce même financement repose cette fois-ci sur une stratégie qui, au moins de manière implicite, consiste à déformer ce qu’est l’intelligence artificielle pour mieux nier son existence et invisibiliser ainsi son développement.

Cette invisibilisation confère alors un important pouvoir aux acteurs économiques : sans même en avoir conscience, ils deviennent les seuls à assurer la diffusion des applications technologiques issues de l’intelligence artificielle, et donc, à contrôler une part importante de son financement. Nous soulignerons en ce sens comment le recours à l’histoire des sciences et des techniques peut nous permettre de mieux comprendre – voire maîtriser – le développement socioéconomique de l’intelligence artificielle.

Références

  • Jean-Sébastien VAYRE, « Comment décrire les technologies d’apprentissage artificiel ? Le cas des machines à prédire », La Découverte, Réseaux, 2018/5 n° 211 | pages 69 à 104
  • Jean-Sébastien VAYRE, « Manipuler les données. Documenter le marché. Les implications organisationnelles du mouvement big data », Lavoisier, Les Cahiers du numérique, 2014/1 Vol. 10 | pages 95 à 125
  • Jean-Sébastien VAYRE, « Les machines à produire des futurs économiques. Entre prédiction et prévision », La Découverte, Revue Française de Socio-Économie, 2018/2 n° 21 | pages 105 à 127
  • Jean-Sébastien VAYRE, Franck COCHOY, « L’intelligence artificielle des marchés : comment les systèmes de recommandation modélisent et mobilisent les consommateurs », Société d'économie et de science sociales « Les Études Sociales », 2019/1 n° 169 | pages 177 à 201

 


En savoir +

Jean-Sébastien Vayre est Maître de conférences à l’Université Côte d’Azur et membre du GREDEG (UMR – 7321). jean-sebastien.vayre@univ-cotedazur.fr.

Ses travaux portent sur l’histoire de l’intelligence artificielle et sur l’étude de la conception et des usages de ses applications technologiques dans les sphères marchande et organisationnelle.

 
Publié le 2 février 2021