Les refus de sépulture aux enfants non baptisés

Découvrez la quatorzième séance du séminaire « Regards croisés sur la petite enfance » 2024-2025 : « Les refus de sépulture aux enfants non baptisés : un enjeu politique et religieux dans la France impériale (1800-1815) ».

Le séminaire aborde la question de la petite enfance sous l’angle d’une construction sociale, historique et culturelle. Les théories et savoirs relatifs à la conception, la naissance et au développement de l’enfant y sont analysés dans ses interactions avec son entourage et selon les normes de genre. Dans ce contexte, le séminaire s’intéresse aux frontières de cette catégorie d’âge et aborde la question de sa temporalité selon les normes médicales, internationales, anthropologiques ou historiques.

Au printemps 1806, la naissance à Pompierre dans les Vosges d’un enfant mort-né, baptisé sous conditions, mais à qui le desservant refuse la sépulture en terre consacrée, suscite une véritable « affaire» remontant jusqu’à l’évêché de Nancy et au ministère des cultes. Si l’interdiction de sépulture en terre bénie aux enfants non baptisés n’a rien de nouveau à l’orée du XIX^e siècle, sa remise en cause véhémente, dans une France à peine sortie des tensions religieuses qui ont marqué la décennie précédente, montre que l’exclusion d’un mort-né de la partie consacrée du cimetière est désormais un enjeu politique qui interpelle tous les échelons de l’administration impériale, dans un contexte de redéfinition de la législation funéraire. En s’appuyant sur des archives conservées aux Archives nationales et aux Archives départementales, cette communication vise à éclairer le sens et les enjeux du refus de sépulture pour l’enfant mort-né au début du XIX^e siècle.

• Vincent Gourdon, historien, démographe  au CNRS (UMR 8596 Centre Roland Mousnier)
• Nathalie Sage Pranchère, historienne au CNRS (UMR 7219 SPHERE).