Les espaces de la théorie : topologies et expériences de la pensée

L'objet du séminaire de cette année est de comprendre le circuit entre l’expérience de la pensée, l’acte d’imagination et les espaces d’inscriptions de ces expériences, en considérant que les inscriptions peuvent être elles-mêmes non seulement des fixations d’un processus de pensée, mais aussi des expériences qui élargissent l’imagination et relancent l’expérience. Nous allons tenter de produire une cartographie interdisciplinaire des schématisations de la théorie qui ont été stabilisées dans l’histoire des disciplines citées ainsi que d’investiguer les documents laissés par les différents théoriciens lors de la formulation, reformulation, publication, rectification de ces schématisations.

Sixième séance du Séminaire International de Sémiotique à Paris 2022-2023

Intervenants

• Jean-François Bordron (Université de Limoges)
  La question de l’individuation et l’origine des images. Retour sur le schématisme

Je reprends la question du schématisme telle qu’elle s’est développée chez divers auteurs : Kant, Peirce, Bergson, Simondon. Malgré de nombreuses variations dans la formulation du problème, on peut reconnaître une recherche commune qui porte sur la genèse d’une pensée émergeant de la rencontre de deux réalités d’ordres différents grâce à une opération particulière nommée « schème ». On peut discuter de la pertinence de ce terme. Mais il importe de souligner la dimension créatrice de cette opération et son rapport essentiel à l’image chez tous les auteurs mentionnés.

La question du schématisme nous conduira vers le problème de l’individuation sous un de ses aspects particuliers : la singularité et finalement le style.

• Federico Montanari (Université de Modène et Reggio Emilia)
  Entre diagramme et ritournelles : questions ouvertes à partir de la proposition sémiotique de Félix Guattari

La proposition de cet exposé est de partir, encore une fois, du concept de diagramme, tel qu'il a été repris et élaboré dans le cadre de ce séminaire, et de la théorie des « espaces de la pensée ». En particulier, nous souhaitons réfléchir sur le rôle de cette catégorie conceptuelle, notamment dans la pensée de Deleuze et Guattari, dans leur dialogue critique, bien connu, avec les sciences (y compris les sciences sociales) et avec la pensée philosophique (Foucault) et sémiotique. Il s’est agi, bien sûr, d’une pensée « hérétique » (par exemple dans la reprise de Peirce et Hjelmslev), comme cela a été souligné par de nombreux chercheurs, à commencer par Paolo Fabbri. Plus précisément, nous comptons mettre en contraste le concept de diagramme et de pensée diagrammatique et la notion de « ritournelle », telle qu’elle a été spécifiquement élaborée par Félix Guattari. Deleuze est très souvent mentionné, mais comme nous le rappellent les biographes (Dosse) et les amis du philosophe (Fabbri), l’intérêt et l’élaboration proprement sémiotiques de ce dernier concept semblent provenir de Guattari, qui est parfois négligé dans les discussions théoriques. Quelle est la portée de la réinvention de l’idée de ritournelle ? Et pourquoi est-il important de la reprendre également dans les études socio-sémiotiques ? Quels sont les multiples exemples proposés par Guattari (à partir de l’art, la littérature, les comportements sociaux et psychiques, le politique) pouvant nous aider à comprendre cette notion ?

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