Les espaces de la théorie : topologies et expériences de la pensée

Séminaire International de Sémiotique à Paris
Mercredi
08
mars
2023
13:45
17:00
les espace de la théorie, agenda FMSH

Sixième séance du Séminaire International de Sémiotique à Paris 2022-2023

L'objet du séminaire de cette année est de comprendre le circuit entre l’expérience de la pensée, l’acte d’imagination et les espaces d’inscriptions de ces expériences, en considérant que les inscriptions peuvent être elles-mêmes non seulement des fixations d’un processus de pensée, mais aussi des expériences qui élargissent l’imagination et relancent l’expérience. Nous allons tenter de produire une cartographie interdisciplinaire des schématisations de la théorie qui ont été stabilisées dans l’histoire des disciplines citées ainsi que d’investiguer les documents laissés par les différents théoriciens lors de la formulation, reformulation, publication, rectification de ces schématisations.

Intervenants :

  • Philippe Gréa (Université Paris Nanterre) : Intégration conceptuelle et compression
    Cette communication présente le cadre théorique de l’intégration conceptuelle (Fauconnier et Turner 2002), un cadre théorique qui s’inscrit dans le courant de la linguistique cognitive. Au moyen d’exemples tirés de campagnes de prévention contre la déforestation, nous illustrons les notions de compression et de mise à l’échelle humaine (human scale). Elles découlent de l’existence d’un espace mixte (blending space) qui est créé en combinant des éléments provenant de deux espaces d’entrée différents. Les exemples permettront ainsi d’illustrer la dynamique riche et complexe qui se joue à l’intérieur du réseau d’intégration (espaces d’entrée et espace mixte). Dans une dernière partie, nous adopterons une perspective plus critique en abordant les problèmes posés par ce cadre théorique
    (falsifiabilité, prédiction, systématicité, contrainte, etc.).

 

  • Nicolas Couégnas (Université de Limoges) : De la générativité sémiotique à la théorie des espaces mentaux : phénoménologie et iconicité de quelques modèles sémiotiques
    La recherche proposée repose sur deux volets complémentaires. La première partie entend montrer que les modèles sémiotiques, et plus précisément les formes topologiques génératives de la sémiotique constituent une forme de réponse au videre videor de Descartes, et indiquent donc une filiation directe entre matérialité phénoménologique des concepts et iconicité des modèles. La seconde partie aborde la théorie des espaces mentaux, de Turner et Fauconnier, dans une perspective identique, pour tenter de montrer, d’une part, que cette modélisation peut être considérée comme une très efficace schématisation de la sémiose en acte, et d’autre part, que l’espace mental est une autre réponse au videre videor. Des modèles génératifs à la théorie des espaces mentaux, on peut ainsi voir se déployer une forme topologique identique, correspondant à des choix épistémologiques différents et, à ce titre, dotées de propriétés en parties différentes. La comparaison plaidant, in fine, plutôt pour les EM.

 

  • Valeria De Luca (Université de Limoges) : Géométries sensibles. Croisements morphogénétiques entre René Thom et Rudolf Laban
    Dans cette communication, nous souhaitons revenir sur les suggestions avancées par René Thom dans Apologie du logos au sujet de la danse, dont notamment la mise en lumière de son pouvoir sémiurgique. Cette conception de la danse chez Thom peut être rapprochée de certains modèles du geste dansant élaborés à l’intérieur de recherches consacrées au mouvement à proprement parler. L’on pense aux formulations du danseur et théoricien du mouvement Rudolf Laban. En particulier, ses réflexions autour des notions de kinesphère, dynamosphère, efforts de mouvement et forme-trace, peuvent soutenir le modèle thomien du point de vue somatique stricto sensu, et être à leur tour réévaluées sémiotiquement par l’idée même de sémiurgie. Le rapprochement entre les formulations thomienne
    et labanienne se fonde sur la convergence de deux lignes de réflexion différentes mais complémentaires entre elles, à savoir d’un côté, une pensée « topologique » émergente attestée dans certains écrits du danseur, et, de l’autre côté, la résonance avec la psychologie de Carl Gustav Jung – « imaginaire » à l’égard de Thom, et avérée pour Laban.
Publié le 8 mars 2023