Les espaces de la théorie : topologies et expériences de la pensée

L'objet du séminaire est de comprendre le circuit entre l’expérience de la pensée, l’acte d’imagination et les espaces d’inscriptions de ces expériences, en considérant que les inscriptions peuvent être elles-mêmes non seulement des fixations d’un processus de pensée, mais aussi des expériences qui élargissent l’imagination et relancent l’expérience. Nous allons tenter de produire une cartographie interdisciplinaire des schématisations de la théorie qui ont été stabilisées dans l’histoire des disciplines citées ainsi que d’investiguer les documents laissés par les différents théoriciens lors de la formulation, reformulation, publication, rectification de ces schématisations.

Dernière séance du Séminaire International de Sémiotique à Paris 2022-2023

Intervenants

• Bernard Darras, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, "L’enfance des diagrammes et de la topologie dans les dispositifs de figuration".
  
  Après une courte phase préparatoire de traçage de diagrammes, la présentation reviendra sur les concepts d'icônes, d’hypoicône, d’image, de métaphore et surtout de diagramme dans la sémiotique triadique de Peirce. Cette phase théorique, sera suivie de l’étude de quelques diagrammes hybrides de la communication graphique et de leurs principales relations topologiques. La présentation se poursuivra par la déconstruction et l’approche critique de deux habitudes interprétatives inadéquates, leurs effets multiples et leurs conséquences.
  L’habitude dominante de convoquer des interprétants optico-centrés ou perspectivistes pour interpréter de la figuration par diagrammes centrés sur les relations topologiques.
  -L’habitude tout aussi dominante de convoquer des interprétants esthétiques, voire artistiques pour interpréter des dispositifs de communication, des récits visuels, des jeux visuels, fondés sur des dispositifs qui n’ont pas ces projets esthétiques. Nous montrerons que bien qu’inadéquates, ces interprétations sont dominantes et performatives. Elles produisent notamment un double effet sur la production graphique des individus : elles sèment le doute et déstabilisent des habitudes graphiques et des compétences acquises, ce qui engendre de l’auto-discrédit, du deskilling, de l’inhibition et le plus souvent de l’abandon de la production. Anthropologiquement et socialement, les conséquences sont la réduction de la diversité des pratiques de communications visuelles et figuratives par la majorité de la population non experte. 

• Francesco La Mantia, Université de Palerme, "Vicissitudes de la came : Culioli, Thom... et les autres".
  
  Cette intervention vise à examiner le potentiel heuristique d’un diagramme connu sous le nom de « structure en came », introduit par Antoine Culioli dans un article pionnier ayant pour titre La formalisation en linguistique (1968). Depuis son apparition, cette structure a fait l’objet de nombreuses analyses situées à la croisée de la linguistique, de la sémiotique et des mathématiques. À cet égard, on comparera deux usages différents de la came en évaluant leur portée épistémologique. En se réclamant d’une vocation transdisciplinaire, la démarche ici mise en œuvre concerne la came comme support de réflexions portant sur : (1) un aspect de l’activité humaine du langage au sein de la Théorie des Opérations Énonciatives de Culioli ; (2) un aspect de la vie animale au sein de la Théorie des Catastrophes de René Thom. Le paysage théorique qui se dessine est d’une complexité frappante et révèle toute la plasticité applicative d’un objet formel – la came – qui n’a jamais cessé de fasciner les chercheurs des provenances les plus diverses.        

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