Complicité globale et consentement à la violence

Présentation d'une recherche en cours dans le cadre des "Jeudis de la Maison Suger", séminaire de recherche des résidents.

Cette séance accueillera Anindya Sekhar Purakayastha pour une présentation de sa recherche en cours sur les formes contemporaines de violence et les mécanismes collectifs de consentement. En s’appuyant sur la philosophie critique et les pensées françaises du XX^e siècle, il interroge la passivité face à la violence systémique et explore les possibilités d’un renouvellement éthique et politique dans un monde marqué par la crise des humanités.

Le thème du projet de recherche

Face à l’« éclipse de la raison » et à l’idéologisation persistante ainsi qu’à l’instrumentalisation de la rationalité dans les sociétés modernes, la notion de consentement a été détournée ou manipulée pour servir des objectifs meurtriers, explicites ou implicites (Crépon, 2019). Ce projet interroge notre complicité collective dans l’approbation ou le consentement à l’usage de la violence en tant que moyen de gouvernementalité, d’exercice du pouvoir souverain, ou dans le cadre d’objectifs prétendument révolutionnaires, tels que ceux employés dans les attentats terroristes et les mobilisations politiques.

Les métarécits philosophiques traditionnels et les démonstrations conceptuelles complexes se sont révélés inefficaces pour contrer la normalisation contemporaine de la violence. Cela incite à une réflexion sur la nécessité de nouveaux déplacements épistémiques pour comprendre les axiomatiques actuelles de la violence. Que ce soit à travers les atrocités de la Shoah ou dans des contextes plus récents, le rôle des « témoins » ou des « observateurs » fait l’objet d’un examen renouvelé. Aujourd’hui, dans le contexte d’un appareil militaire étatique, du terrorisme ethnonationaliste ou révolutionnaire, et des brutalités économiques ou écologiques, une tendance croissante à la passivité ou à l’indifférence tacite face à la violence systémique ou idéologique permet aux despotes politiques et aux acteurs étatiques de prospérer.

Alors que ces dérives marquent une crise profonde des humanités et des sciences sociales, quelle fonction la philosophie peut-elle encore remplir face à la violence contemporaine et à cette complicité collective ? Ce projet s’appuie sur les travaux des théoriciens critiques et des philosophes français du XX^e siècle pour explorer de nouvelles « nomadologies » et des visions reterritorialisées du changement éthique et politique.

L'intervenant

Anindya Sekhar Purakayastha est actuellement chercheur à l'Institute of Language Studies and Research (ILSR) à Kolkata. Il a été professeur d'anglais à l'université Kazi Nazrul en Inde. Lauréat de la bourse de visite 2025 pour les chercheurs du Sud de l'université de Cambridge, il a mené des recherches au Centre de recherche sur les arts, les sciences sociales et les humanités de cette même université.