Ce que l’open data fait à la gouvernance urbaine

Séminaire du GRETS - Mardi 22 septembre
Mardi
22
septembre
2020
09:30
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Intervention de Antoine Courmont – Chaire Villes et numérique -Sciences Po Paris & CNIL

La séance sera introduite par Mathieu Durand-Daubin - (EDF R&D).

Les données sont devenues ces dernières années un enjeu central du gouvernement des territoires. L’accumulation de données  est  au  cœur  de  l’activité  d’un  nombre  grandissant d’acteurs économiques, et l’on assisterait à l’émergence d’un « capitalisme de plateforme » ou d’un « capitalisme de surveillance ». Ces évolutions du capitalisme interrogent les politiques de données urbaines et la capacité de gouvernement des institutions publiques.

À partir du cas de la politique open data de la Métropole de Lyon, cette présentation vise à analyser la mise en circulation des données urbaines afin de pointer les recompositions de la gouvernance urbaine à l’ère numérique.

Pour dépasser les discours sur la smart city qui considèrent les données comme neutres, autonomes et aisément circulables, Antoine Courmont propose une sociologie des données attentive aux transformations conjointes des données et des acteurs qui leur sont associés. Cette approche met en évidence une tension entre attachement et détachement lors de la mise en flux de données. Au cours de ce processus, les données sont transformées. D’instruments d’action publique, elles deviennent progressivement des biens à échanger sur un marché des données ouvertes. L’open data constitue une nouvelle modalité de recours au marché pour assurer la mise en œuvre de politiques publiques.

Dans un second temps, l’analyse des réutilisations de données ouvertes met en évidence différents modes de gouvernance au sein desquels la place et le rôle de l’institution publique varient. La mise en circulation des données renforce sa capacité à coordonner des acteurs autour d’une représentation partagée du territoire. À l’inverse, des rapports de pouvoir défavorables à l’institution publique peuvent la conduire à se soumettre aux injonctions des plateformes et à accepter des formes alternatives de diffusion de ses données, qui conduisent à une « décharge » des collectivités locales vers ces plateformes.

 

Références

  • Courmont Antoine et Patrick Le Galès (eds.), Gouverner la ville numérique, Paris, PUF, 2019.
  • Courmont Antoine, « Ce que l’open data fait à l’administration municipale. La fabrique de la politique métropolitaine de la donnée », Réseaux, 2019, vol. 6, n° 218, p. 77-103.
  • Courmont Antoine, « Plateforme, big data et recomposition du gouvernement urbain. Les effets de Waze sur les politiques de régulation du trafic », Revue française de sociologie, 2018, vol. 59, n° 3, p. 423-449.
  • Courmont Antoine, « Où est passée la smart city? Firmes de l’économie numérique et gouvernement urbain », Cities are back in town Working Paper, 2018, n° 2.

 


 

En savoir +

Antoine Courmont, docteur en science politique, est chargé d’Etudes au sein de la CNIL et responsable scientifique de la chaire Villes et numérique de Science po. Il est également chercheur associé au Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po.

Ses travaux portent sur la recomposition de la gouvernance urbaine liée aux technologies numériques à partir d’une approche de sociologie politique des données.

Publié le 22 septembre 2020