Alignement des anticipations et déploiement de l'hydrogène en France et au Japon

Cette nouvelle séance du séminaire organisé par le GRETS, Alignement des anticipations et déploiement de l'hydrogène en France et au Japon, aura lieu en présence de Michaël Fernandez - EDF R&D. La séance sera introduite par Mathieu Brugidou - EDF R&D.

Depuis plusieurs années, le rôle de l’hydrogène dans la transition énergétique suscite un engouement croissant. La petite molécule s’invite en effet dans bon nombre des représentations de ce que pourrait être le devenir de l’industrie, de la mobilité, ou encore des réseaux et du stockage énergétique. Un tel engouement charrie cependant son lot de controverses. Mais au-delà de cette ébullition délibérative, somme toute inhérente à n’importe quel objet technique prometteur, tout l’intérêt de l’hydrogène réside dans sa trajectoire récente. Alors que son rôle dans la transition ne semble pas tout à fait stabilisé, il bénéficie en effet d’investissements croissants, de la part d’acteurs privés comme publics. Ainsi, comment expliquer cette situation et que peut-elle nous enseigner, tant à l’égard de l’hydrogène que plus largement, des politiques de transition ?

C’est autour de ces questionnements que s’organise l’intervention de Michaël Fernandez. S’appuyant sur une recherche doctorale conduite entre 2018 et 2024, elle mobilise la sociologie des anticipations de Jens Beckert dont l’outillage théorique permet d’explorer le rôle du futur, à la fois dans le processus de légitimation d’un objet technique et dans la conduite d’une politique de transition. Elle explore ainsi non seulement la bataille des anticipations gravitant autour de l’hydrogène, mais aussi la traduction, dans le temps présent, de ces anticipations au sein d’objets économiques, à l’instar des politiques publiques de soutien ou des équipements marchands comme les labels venant qualifier l’hydrogène.

Appliquée de manière comparée aux trajectoires française et japonaise, cette démarche analytique met en lumière la grande plasticité de l’hydrogène. Susceptible d’être embarqué dans des représentations variées du futur, il est le reflet de tensions structurantes du champ de l’énergie, à l’instar de la tension entre centralisation et décentralisation, ou encore du partage des tâches entre vecteurs énergétiques. Sur un plan plus socioéconomique, le déploiement de l’hydrogène, objet à la frontière des politiques énergétiques et industrielles, permet enfin de questionner la manière avec laquelle l’action publique gouverne l’incertitude consubstantielle à toute politique de transition, en s’en saisissant elle-même directement, ou bien en la déléguant à des mécanismes de marché.

Michaël Fernandez est ingénieur-chercheur au sein du Groupe EDF. Après une formation en sciences politiques à l’IEP de Lyon, Michaël Fernandez a réalisé une thèse de doctorat en sociologie à l’Université de Grenoble Alpes. Il a également occupé le poste d’ingénieur d’études à l’Université de Bourgogne Franche-Comté pendant un peu plus d’une année. Désormais ingénieur-chercheur au sein du Groupe EDF, ses travaux concernent les controverses sociotechniques autour des infrastructures énergétiques et des thématiques comme le marché carbone, ainsi que l’évolution des pratiques de mobilité.

• Fernandez, Michaël (à paraître) « Cinquante nuances d’hydrogène. Les enjeux de qualification d’une molécule au prisme des débats français ». In L’hydrogène par les sciences humaines et sociales, édité par Nicolas Simoncini et Nathalie Kroichvili, Pôle éditorial de l’université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM).
• Fernandez, Michaël (2024) « D’un futur incertain à un certain avenir : alignement des anticipations et déploiement de l’hydrogène en France et au Japon ». Thèse de doctorat en Sociologie, Université Grenoble Alpes, 04 mars 2024.