L’Art au service de l’accompagnement des personnes atteintes du VIH au Bénin
En Afrique de l’Ouest, plus particulièrement au Bénin, il existe une tradition de création sur la base de tissus brodés et tissés, qui sont particulièrement appréciés par la communauté. C’est pourquoi, dans notre projet « Art et résilience », nous avons choisi le travail des matières textiles pour mesurer l’impact thérapeutique de telles pratiques sur le mieux-être du public visé par la clinique de l’ONG RACINES à Cotonou. Plus précisément, il s’adresse aux personnes atteintes du VIH encore trop souvent marginalisées et stigmatisées.
Cette approche complémentaire artistique et thérapeutique, que j’utilise depuis 20 ans, a déjà fait ses preuves à de nombreuses reprises et notamment auprès de publics précaires et atteints par ce type de pathologie. L’expression principale qui est proposée utilise des grands filets de pêche et des tissus aux couleurs chatoyantes. Elle donne du sens, initie et renforce le processus thérapeutique. Cette étude permet d’explorer de nouvelles formes d’expression et met à jour d’autres éléments que ceux évoqués lors des groupes de paroles pratiqués actuellement dans l’institution.
Faire rêver est au cœur de cette pratique.
Cette approche artistique et thérapeutique met en jeu le corps. Elle utilise les sens, le toucher et les ressentis tactiles, olfactifs et sonores. Grâce à l’utilisation de nombreux tissus, fils et rubans, les participants lâchent progressivement prise et contactent leurs émotions.
À l’image du va et vient de la navette du tisserand, un mouvement s’opère alors entre les sensations physiques et les mouvements psychiques. S’offrant comme voyage, de main en main ce travail prend corps et permet de transcender les difficultés. Au fil des séances, les personnes se font productrices en s’engageant dans ce processus créatif et sont aussi réceptrices de leur fabrication en observant la progression de ce « tissage » individuel et groupal. Faire rêver est au cœur de cette pratique.
Nous souhaitons mettre en lumière que les effets thérapeutiques sont bénéfiques sur l’insertion sociale des personnes, leur équilibre psychique, leur humeur, leur joie de vivre et transforment le regard des autres sur leur humanité. Une place privilégiée est donnée à la production de l’œuvre collective finale devenue alors espace de revalorisation de l’estime de soi. Ce maillage de 4 mètres de long réalisé par les participants durant ces ateliers sera exposé lors d’une restitution qui se déroulera à la Fondation Zinsou d’art contemporain de Cotonou.
Projet lauréat 2024 du programme « Arts »
Article paru dans le troisième numéro du Journal de la FMSH.


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