Les « nations cosmopolitanisées » : la réinvention de la collectivité dans une société du risque

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Working paper en anglais.

La sociologie du cosmopolitisme a abordé de nombreuses thématiques, telles que le risque, la religion, la famille, le pouvoir, l’inégalité, la mémoire et les mouvements citoyens, explorant leur reconfiguration dans un monde global. De manière révélatrice, le concept de nation/national est souvent perçu, dans le discours public comme dans le discours scientifique, comme l’obstacle majeur à la mise en œuvre d’orientations cosmopolites. Par conséquent, les débats portant sur la nation questionnent invariablement sa survivance ou sa disparition. Nous nous écartons de cette approche binaire en étudiant la formation de « nations cosmopolitanisées » en tant qu’une des facettes de la société mondiale du risque. Cette réinvention de la notion de nation évolue, entre autres choses, dans le contexte des normes globales (par exemple les droits humains), des marchés mondialisés, des migrations transnationales et de l’imbrication au sein d’organisations internationales. Ici, nous nous intéressons à un processus qui prend en considération la propagation de « sociétés du risque ». Les collectivités modernes se soucient de plus en plus de débattre autour de la notion de risque, de le prévenir et de le gérer. Néanmoins, et contrairement à des manifestations antérieures de risques résultant d’actions hasardeuses ou relevant de schémas prévisibles, les risques globaux ne peuvent plus être désormais ni calculés ni prévus. De ce fait, c’est la perception du risque qui accroit son influence, celle-ci étant largement construite par la couverture médiatique des catastrophes.

Dans un premier temps, nous établissons une distinction entre des processus de cosmopolitisme normatif et de cosmopolitisation analytique. Less nations cosmopolitanisées, selon nous, renvoient à un nouveau mode d’identification collective, dans lequel nous faisons la différence entre des présomptions d’appartenance forte et la prolifération avérée d’affiliations cosmopolites. Cela mène à une distinction progressive entre une approche conventionnelle (et naturalisée) du fait national et une représentation émergente de la nationalité cosmopolite. Dans un deuxième temps, nous dépassons l’ancrage territorial des sciences sociales en déplaçant la focale sur leur dimension temporelle, et plus particulièrement sur les représentations concurrentes du futur. Nos conclusions suggèrent que les nations cosmopolitanisées sont réimaginées par l’anticipation de futurs dangereusement incertains. Dans un troisième temps, nous démontrons comment ces transformations cosmopolitaines de la nation prennent place dans un contexte où émerge un régime de la société du risque qui mobilise une série d’impératifs de nature cosmopolite qui situe l’autre global en notre sein. Dans un quatrième temps, nous illustrons ces conclusions en explorant la façon dont la médiatisation du risque, et les représentations du futur qui en résultent, contribuent à la réinvention des collectivités cosmopolites du risque.

Publié le 11 février 2013