Belle comme Vénus. Le portrait historié entre Grand Siècle et Lumières

Parution de l'ouvrage de Marlen Schneider
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Vénus, Flore, Hébé ou Diane – autant de divinités antiques qui ont prêté, à partir de la fin du XVIIe siècle en France, leurs attributs et leurs costumes vaporeux, souvent affriolants, à quantité de femmes de l’aristocratie de cour, de la bourgeoisie montante et de la noblesse de robe. L’élite sociale se fait alors peindre en costume mythologique ou historique par des artistes célèbres tels que Nicolas de Largillierre, Hyacinthe Rigaud, François de Troy, Jean-Marc Nattier ou Jean Raoux.


Ces portraits dits « historiés », dans lesquels l’effigie d’une personne vivante s’enrichit d’attributs mythologiques comme dans un tableau d’histoire, sont un genre pictural à part entière. D’abord prérogative masculine adoptée par les grands pour célébrer leurs vertus, il devient vers 1680 l’apanage des modèles féminins : le langage allégorique les pare de qualités à connotation spécifiquement féminine et galante, comme la beauté, la jeunesse, la grâce, qui, bien comprises, pouvaient aussi être un moyen de manier le pouvoir. Dès les années 1740, ces peintures font cependant l’objet de critiques répétées et le genre perd peu à peu sa légitimité à la fin de l’Ancien Régime, avant que ce procédé de distinction aristocratique suscite la méfiance des historiens de l’art, qui n’y verront que l’expression d’un amusement futile de milieux oisifs.


Le présent ouvrage remet à leur juste place ces travestissements : à la fois oeuvre d’art, objet culturel et pratique sociale, le portrait historié est un phénomène de goût révélateur d’une culture de cour en pleine transformation. Marlen Schneider met ici en lumière les fonctions, les propriétés formelles, la réception et la portée historique d’un type de représentation trop longtemps déconsidéré.


Cet ouvrage est la traduction de la thèse de Marlen Schneider, jeune historienne de l'art allemande qui vient d'être nommée maître de conférence à l'université de Grenoble. Il présente une riche iconographie de la culture de cour des XVII et XVIIIe siècles.


L'autrice

Marlen Schneider est maître de conférences en histoire de l'art moderne à l’université Grenoble-Alpes et membre du Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA, UMR 5190) depuis 2018. Elle a étudié l’histoire de l’art et les sciences culturelles à l’Universität Leipzig, où, dans le cadre d’une cotutelle avec l’université Lyon 2, elle a soutenu sa thèse de doctorat en 2015. Après deux années de recherches postdoctorales à l’université de la Sarre à Sarrebruck et une bourse Panofsky au Zentralinstitut für Kunstgeschichte à Munich, elle a été conseillère scientifique auprès du directeur du Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris) en 2017/2018. Depuis la publication de sa thèse au Deutscher Kunstverlag en 2018 (Bildnis – Maske – Galanterie. Das portrait historié zwischen Grand Siècle und Zeitalter der Aufklärung), ses recherches portent notamment sur la mobilité artistique entre la France et les cours allemandes au XVIIIe siècle.

Publié le 2 septembre 2020