Le Royaume de Madagascar au XIXe siècle

La Maison Suger a le plaisir d’accueillir la troisième séance du séminaire « Chiffrer et déchiffrer les empires, XVIII-XXI^e siècles », intitulée « Le Royaume de Madagascar au XIXe siècle : un État comptable sans statistique ? », avec Samuel Floreal Sanchez. Maître de conférences en histoire de l’Afrique contemporaine à l’université Paris 1 - Panthéon Sorbonne (Institut des Mondes Africains - UMR CNRS 8171), ses recherches portent sur l’histoire économique et sociale de Madagascar et des îles de l’océan Indien, du XVIII^e au XX^e siècles. Après avoir travaillé sur les rapports entre réseaux marchands de l’océan Indien et les royaumes sakalava (thèse en cours de publication), ses travaux portent désormais sur le Royaume de Madagascar et son organisation économique. Il est aussi investi dans l’enseignement à Madagascar, à travers les universités en sciences sociales Tany Vao depuis 2016.

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À partir des années 1820, le Royaume de Madagascar voit se développer une administration usant largement du chiffre et de la comptabilité. Il s’agira d’abord de présenter comment les usages comptables se sont développés et affinés, depuis les écoles chrétiennes à l’administration royale, en passant par les milieux marchands. Au cours du XIX^e siècle, les pratiques comptables à Madagascar se transforment. Leur perfectionnement débouche sur des routines administratives qui impressionnent les étrangers de passage dans l’île. Comment le gouvernement malgache se saisit-il du langage produit par ces chiffres ? Cette comptabilité conduit-elle à une lecture statistique permettant d’appréhender la société de manière plus fine, et d’accroître le contrôle du Royaume sur la population et le territoire ? On se posera en définitive la question de l’originalité de la gouvernementalité à Madagascar, dans un contexte international marqué par la montée en puissance des impérialismes européens.

Les interprétations économétriques des effets de la domination coloniale moderne fondées sur les statistiques coloniales et les recherches qui interrogent les interactions entre les empires coloniaux, les populations colonisées et les institutions internationales suscitent un intérêt renouvelé pour la production statistique impériale. Celle-ci reste toutefois mal connue.

Ce séminaire, composé de cinq sessions à distance et d’une journée d’études en format hybride, vise à approfondir les réflexions et les connaissances sur ces liens, en s’appuyant sur des recherches en cours. Parmi les questions abordées :

• Quelles étaient les pratiques statistiques des empires coloniaux du XIXe et du XXe siècle ?
• Comment formaient-ils leurs statisticiens ?
• Qui participait à la collecte des données et quels étaient les objets de prédilection ?
• De quelle manière la production statistique construisait-elle du lien ou, au contraire, marginalisait-elle certains groupes ?
• Quel rôle jouait-elle dans les territoires colonisés ?
• Quelle a été sa contribution à la généralisation des statistiques à l’échelle mondiale depuis deux siècles ?
• Comment s’approprier ces données à posteriori, souvent utilisées pour dresser des bilans définitifs de la colonisation et des empires contemporains ?

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