Construire une nouvelle économie

La Maison Suger a le plaisir d'accueillir la table ronde organisée par la Fondation France Japon (FFJ)-EHESS autour du dernier livre de Hugh Whittaker (Oxford University, 2022 FFJ/Banque de France Fellow).

Le Japon tente de construire une nouvelle économie. Celle-ci porte différentes appellations : "Société 5.0",  "capitalisme durable" ou "nouvelle forme de capitalisme". Elle doit se construire grâce à la transformation numérique, écologique et grâce à un "cycle vertueux de croissance et de distribution". Cet effort est toutefois confronté à des vents contraires importants, notamment le déclin démographique et le vieillissement de la population, la dépendance énergétique extérieure du Japon, les turbulences géopolitiques et l'héritage des « décennies perdues » du Japon. Néanmoins depuis 2015, une voie a été identifiée entre l'oligopole du marché des Big Tech, d'une part, et un État autoritaire, d'autre part. Pour d'autres pays confrontés aux mêmes défis que le Japon en matière de transformation post-néolibérale et de durabilité, cet effort de construction coordonné entre les secteurs public et privé est remarquable.

Construire une nouvelle économie utilise un cadre conceptuel évolutif d'États et de marchés, d'organisations et de technologie, et de changement institutionnel. Il montre comment la cohérence institutionnelle du modèle d'après-guerre centré sur l'industrie manufacturière s'est effondrée, et a été suivie par la dissonance idéologique et institutionnelle des "décennies perdues". Toutefois, de nouvelles composantes institutionnelles ont été identifiées et (partiellement) assemblées, qui pourrait conduire le Japon vers un nouveau modèle plus ouvert et adaptatif. Ces éléments comprennent un État "développementiste" reconfiguré et de nouvelles formes de coordination avec et au sein du secteur des entreprises, englobant parfois la société civile.

Il est important de noter que pour un pays qui a préféré la stabilité sociale à la destruction créatrice, et qui a lutté contre le changement, la voie à suivre pourrait nécessiter un "déséquilibre contrôlé" des institutions plutôt qu'une cohérence rigoureuse. La "société 5.0" et la "nouvelle forme de capitalisme" prétendent être centrées sur les personnes. Le défi crucial sera de les rendre telles.

• Hugh WHITTAKER : Université d'Oxford
• Robert BOYER : École de Hautes Études en Sciences Sociales, Institut des Amériques
• Sébastian MASLOW : Université de Tokyo, Sendai Shirayuri Women's College
• Saori SHIBATA : Université de Sheffield
• Franz WALDENBERGER : DIJ (German Institute for Japanese Studies)

La présentation se fera en anglais.