La « vérité » en médecine selon son histoire

Le working paper d'Anne-Marie Moulin, lauréate du prix Morazé 2016
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Quelle méthodologie et quel statut épistémologique caractérisent l’histoire de la médecine ? Il existe en effet plusieurs façons de la pratiquer et de l’écrire, de la chronique éblouie des progrès scientifiques au récit des révolutions médicales et de leur Némésis. Quel rapport établir entre la vérité en histoire de la médecine et la vérité dans les sciences contemporaines ? Y a-t-il lieu de faire usage d’un terme différent (par exemple « véracité » ou « truthfulness») et de tenir compte de son audience : ce sont les plus déshérités disait Chomsky, qui ont le plus besoin de la vérité : mais de quelle vérité s’agit-il ? L’invention de la Santé Globale servira d’illustration. L’avènement du concept refléterait l’unification du monde, notamment sous l’impact des épidémies, imposant une réflexion à nouveaux frais sur le droit universel à la santé et préludant à une recherche d’équité dans l’accès aux soins. Il reflète aussi bien les fluctuations de l’ordre du monde, bipolaire, relâché, flottant, en transition vers une forme inconnue.

L'auteur

Anne Marie Moulin, médecin et philosophe des sciences, est directrice de recherche émérite, UMR SPHERE, CNRS / Université de Paris 7. Elle a passé une partie de sa carrière à l’étranger (Berlin, Boston, Genève, Baltimore, Caire, Alexandrie...) Elle a effectué de nombreuses missions en santé publique et sciences sociales en Afrique et dans le monde arabe et musulman. Depuis 2011, elle est membre de la Commission Maladies transmissibles du Haut Comité de Santé publique (HCSP). En 2013, elle a été nommée présidente du Comité Consultatif de Déontologie et d’Ethique de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement).

Le texte

Ce texte est issu de la conférence prononcée par Anne Marie Moulin lors de la réception du Prix Charles et Monique Morazé 2016, le 11 octobre 2016 à la Maison Suger à Paris.
 
Publié le 9 décembre 2016