Les biotechnologies en Chine : investissement stratégique et massif dans l'édition du génome

Séminaire BRICS | Mercredi 3 mars
Mercredi
03
mars
2021
18:00
18:00
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La neuvième séance du séminaire BRICs de l'Inalco 2020-2021(CREE), en partenariat avec l’EHESS –  la FMSH et l’Université Paris Sud, aura lieu mercredi 3 mars 2021 à 18h.

 

Inscriptions :
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Intervenant : 

Agnès Ricroch (MCF HDR, AgroParisTech)

Jean-Paul Maréchal (Séminaire BRICs, Université Paris-Sud) introduira la discussion, en anglais.

résumé de l'intervention :

La Chine investit stratégiquement et massivement de l'argent dans un nouveau domaine biotechnologique : l'édition (ou réécriture) du génome. L’édition du génome avec les « ciseaux moléculaires » impliquant un système CRISPR-cas permet depuis 2012 de modifier de façon précise l’ADN d’un organisme, animal, végétal ou microorganisme pour lui conférer des nouvelles propriétés. Le 12e plan quinquennal de développement des industries émergentes stratégiques, publié par le Conseil des affaires d’État, en décembre 2012, fixe des objectifs quantifiables dans les domaines des biotechnologies médicale, agricole, et industrielle à échéance de 2015 et 2020. La Chine investit surtout dans l'agriculture et ses utilisations avec CRISPR-cas. En 2013, le financement public chinois de la recherche agricole a approché 9 milliards d’euros. Les chercheurs chinois en 2014 sont pionniers dans la création avec CRISPR-cas de la première plante agricole, le blé rendu résistant à une maladie fongique, l’oïdium. Ils sont aussi pionniers pour la thérapie génique germinale sur des embryons humains non viables en 2015. Ils explorent la modification du génome humain en médecine avec beaucoup d'essais cliniques principalement pour étudier le cancer et créent dans ce but des singes édités comme modèles pour l'étude des maladies humaines. Des dérives éthiques de modification génétique par CRISPR-cas de la lignée germinale du génome humain de deux jumelles résistantes au SIDA par une équipe chinoise en 2018 ont soulevé une opposition dans la communauté internationale. Les chercheurs chinois appliquent également l'éditeur CRISPR-cas à grande échelle chez les animaux notamment pour humaniser des organes de porcs pour les xénogreffes (greffes chez l’homme) mais aussi pour la médecine vétérinaire. Un nouvel équilibre des forces géopolitiques est apparu dans l’édition du génome, la Chine est le pays qui dépose le plus grand nombre total de brevets par an et a pris l'avantage sur les États-Unis dès 2016. La Chine (surtout les laboratoires des académies des sciences) occupe la première place dans les secteurs industriel et agricole (végétal et animal) ; les laboratoires américains étant en tête en matière d’améliorations techniques et dans le domaine médical. La Chine et les Etats-Unis, qui ont déjà leur réglementation, investissent le plus dans ce récent domaine biotechnologique. Cependant, la réglementation en Chine des produits ou aliments édités n’est pas encore connue.


En savoir +

Agnès RICROCH, HDR, est enseignant-chercheur à AgroParisTech en génétique évolutive et amélioration des plantes et à l’université Paris-Saclay à l’Idest (France), et professeur adjoint à la Pennsylvania State University (États-Unis). Ses recherches portent sur l’usage des biotechnologies dans l’agriculture climato-intelligente. Elle représente la France dans le réseau européen de recherches Cost PlantEd.

Elle préside la section Sciences de la vie de l’Académie d’agriculture de France, est membre du Comité d’éthique de l’Ordre national des Vétérinaires, lauréate du Prix de la Fondation Limagrain et chevalier de la Légion d'Honneur.

Elle a publié plus d’une centaine de publications scientifiques y compris dans Nature Biotechnology et 6 ouvrages en français et en anglais sur les biotechnologies végétales. Son dernier ouvrage Plant Biotechnology (2e édition chez Springer International) va paraître le 28 mai 2021.

Publié le 3 mars 2021