Impact sociétal de la violence intergroupe en Asie du Sud
Violence: An international journal lance un appel à contributions sur le thème : « Impact sociétal de la violence intergroupe en Asie du Sud ». Ce numéro sera dirigé par Amit Ranjan, chercheur à l’Institut d’études sud-asiatiques de l’Université nationale de Singapour.
Violence: An international journal recherche également des articles varia, mais entretenant toujours un lien étroit avec les problématiques relatives à la violence et à la sortie de la violence.
La violence ne se traduit pas toujours par l’usage de la force physique pour blesser autrui. Elle peut également être psychologique, affectant la victime ou ceux qui vivent dans la crainte permanente d’être agressés par un individu ou un groupe pour diverses raisons, telles que l’appartenance à un groupe différent ou le non-respect des normes sociales et politiques établies. Dans la plupart des cas, la violence est infligée par un individu ou un groupe puissant afin de maintenir son pouvoir social, politique et économique dans la société et sur les institutions de l’État. L’individu ou le groupe plus faible utilise généralement la violence comme moyen de défense pour se protéger. Cependant, dans certains cas, une faction militante du groupe plus faible utilise la violence comme un moyen efficace pour atteindre son objectif politique. Par exemple, les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE) ont eu recours à la violence pour satisfaire les revendications des Tamouls au Sri Lanka. De même, de nombreux autres groupes insurgés/militants/terroristes représentant des minorités sont actifs dans divers pays d’Asie du Sud.
L’Asie du Sud, comme beaucoup d’autres pays postcoloniaux, est une région violente où les différences entre les groupes sont souvent source de violence. La violence intergroupe en Asie du Sud est principalement due à des facteurs tels que les différences historiques et les conflits liés à des revendications politiques concurrentes, les inégalités dans la hiérarchie sociale, les conflits liés à la répartition des ressources et la montée du majoritarisme dans tous les pays de la région. Les différences entre hindous et musulmans et entre hindous et sikhs en Inde ont été à l’origine de violences entre ces groupes dans le passé. À l’heure actuelle, en raison de la montée du majoritarisme hindou en Inde, les musulmans ont le sentiment qu’ils pourraient être victimes d’attaques s’ils ne se conforment pas aux normes majoritaires établies pour le groupe. Les hindous sont également divisés selon les castes. L’Inde a connu des violences fondées sur les castes. Cependant, contrairement aux violences communautaires, les violences fondées sur les castes se sont principalement produites au niveau local et ne se sont pas propagées à l’ensemble du pays, à l’exception d’un cas où les castes supérieures ont protesté contre les quotas réservés aux autres classes défavorisées en 1989-1990. Au Pakistan, les hindous restent des citoyens de seconde zone vivant dans la peur. Beaucoup d’hindous du Pakistan ont traversé la frontière pour se réfugier en Inde afin de protéger leur vie. Au Bangladesh, les hindous ont été victimes de violences de la part des islamistes. Les sunnites radicaux du Pakistan sont également mal à l’aise avec les autres sectes islamiques, telles que les chiites. Les ahmadis ont été déclarés non-musulmans et ont été victimes d’attaques de la part des islamistes. Au Bangladesh, les hindous ont été victimes d’attaques de la part des islamistes. Les musulmans d’expression ourdoue au Bangladesh ont été victimes de violences systématiques de la part de l’État et de la société en raison de leurs liens avec le Pakistan. Le Sri Lanka a connu des violences pendant la guerre civile (1983-2009), principalement entre l’État sri-lankais et les LTTE. Au cours des décennies de guerre civile, de nombreux Tamouls innocents de la région nord du Sri Lanka ont été victimes de violences tant de la part des LTTE que de l’État sri-lankais.
La violence intergroupes a un impact sociétal. Elle perturbe le tissu social dans une société plurielle et crée des tensions entre les personnes appartenant à différents groupes. La violence intergroupes creuse également le déficit de confiance entre les personnes appartenant à différents groupes communautaires, maintenant la société et l’État dans un état de tension permanente. La violence sociétale en Asie du Sud est de nature politique. Dans de nombreux cas, la violence est utilisée pour obtenir le pouvoir sur d’autres groupes en les réduisant au silence. Les partis politiques ont également utilisé la violence communautaire pour remporter des succès électoraux en polarisant un groupe contre l’autre.
Ce numéro examine comment la division entre « nous » et « eux » permet aux groupes de rester unis face aux effets des contradictions sociales et des confrontations intra-groupes. Ce numéro évaluera également comment, en raison des identités multiples que revêtent la plupart des populations d’Asie du Sud, ni « nous » ni « eux » ne sont figés de manière permanente. Une personne peut être « nous » selon une forme de catégorisation identitaire, mais faire partie de « eux » selon une autre.
L’objectif de ce numéro spécial est d’examiner l’impact sociétal de la violence intergroupe en Asie du Sud. Il vise à répondre aux questions suivantes : pourquoi différents groupes dans les pays d’Asie du Sud se battent-ils ? Comment la violence intergroupe affecte-t-elle le caractère pluriel de la société ? Dans quelle mesure la violence sociétale en Asie du Sud est-elle politique ? Comment les minorités réagissent-elles à la violence à leur égard ?
Le numéro examinera, premièrement, la montée du majoritarisme en Inde, au Pakistan et au Bangladesh a accru la violence sociétale, les différents groupes étant présentés comme des étrangers et ne faisant pas partie de l’imaginaire des nationalistes majoritaires. Deuxièmement, dans de nombreux cas, la violence intergroupe a pour but d’établir le pouvoir social et politique d’un groupe sur un autre. La violence intergroupe est également utilisée pour maintenir les groupes minoritaires dans un état de peur constant, ce qui contribue à leur asservissement social, politique et économique par la majorité. Le numéro spécial de Violence se concentrera sur la violence intergroupe due aux différences et aux conflits entre les multiples groupes identitaires vivant dans les différents pays d’Asie du Sud.
Les contributions seront théoriques et porteront principalement, sans toutefois s’y limiter, sur les thèmes suivants :
- Politique de la violence intergroupes en Asie du Sud
- Majoritarisme et violence intergroupes en Asie du Sud
- Impact sociétal de la violence intergroupes en Asie du Sud
- Économie politique de la violence intergroupes en Asie du Sud
La violence sous toutes ses formes constitue aujourd’hui un vaste domaine de recherche dans le champ des sciences humaines et sociales.
Il n’en va pas de même pour la prévention et la sortie de la violence qui relèvent d’un espace peu structuré, où les connaissances sont plus empiriques que théorisées, et produites par des acteurs de terrain (ONGs, associations), des experts ou des professionnels bien plus que par des chercheurs en sciences humaines et sociales.
Violence: An international journal veut rassembler et faire vivre une large communauté internationale de chercheurs, de professionnels et de praticiens, autour de deux enjeux scientifiques et intellectuels complémentaires, mais distincts : l’analyse de la violence, dans ses diverses expressions et métamorphoses, et celle de la prévention et de la sortie de la violence.
Violence: An international journal a donc pour projet, tout en développant la compréhension de la violence, de faire de la sortie et de la prévention de la violence un véritable domaine de recherche, avec ses apports et ses débats.
La revue veille également à articuler la recherche en sciences humaines et sociales à d’autres champs de la connaissance et de la réflexion. Elle tisse des liens particuliers avec les milieux artistiques et littéraires.
Violence: An international journal est une revue biannuelle intégralement en anglais, publiée par les Éditions de la Maison des sciences de l'homme et Sage Publishing.
Votre article doit être accompagné d’un résumé, d’une bibliographie détaillée, ainsi que d’une courte biographie. Il devra compter entre 5,000 et 8,000 mots (notes de bas de page, bibliographie et biographie incluses). Chaque article devra également être envoyé, de préférence, au format Word, et employer, systématiquement, le mode de référencement du système Harvard, comme suit :
Brague, R. Sur la religion, Paris: Flammarion, France, 2018.
Cavanaugh, W. T. The Myth of Religious Violence: Secular Ideology and the Roots of Modern Conflict, New York: Oxford University Press: New York, 2009.
Juergensmeyer, M. Ed. Violence and the Sacred in the Modern World, Abingdon: Routlege, 2020.
Juergensmeyer, M., Kitts, M., Jerryson, M. The Oxford Handbook of Religion and Violence. New York: Oxford University Press, 2013.
Kaplan, J. Radical Religion and Violence, Abingdon: Routlege, 2015.
Murphy, A. R. Ed. The Blackwell Companion to Religion and Violence, John Wiley & Sons, 2011.
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Il vous est demandé de porter une attention particulière à la qualité de l’écriture, de sorte que votre article puisse être accessible à un lectorat plus large que celui du monde académique.
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Thomas Coppey
thomas.coppey-chikh@msh-paris.fr
Dossier « Impact sociétal de la violence intergroupe en Asie du Sud »
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