Léon Wieger et la première traduction du Zhuangzi en français

24 juin | Séminaire organisé par le réseau « La nouvelle Sinologie française »
Mardi
24
juin
2025
17:00
19:00
La nouvelle Sinologie française

La Maison Suger a le plaisir d'accueillir le séminaire « Léon Wieger et la première traduction du Zhuangzi en français », organisé par le réseau de recherche « La nouvelle Sinologie française ».

Les Jésuites sont souvent décrits comme les représentants du confucianisme en Occident, notamment en raison d'une série de publications produites aux XVIIe et XVIIIe siècles, telles que le Confucius Sinarum Philosophus (Paris 1687) et le Philosophia Sinica (Prague 1711). Plus tard, après la restauration de la Compagnie de Jésus (1814) et son retour en Chine, l'intérêt des jésuites pour la culture chinoise s'est étendu au-delà du confucianisme. Ainsi, si Séraphin Couvreur (1835-1919) est souvent cité comme le traducteur des Quatre Livres en français dans la mission du Hebei, Léon Wieger (1856-1933), médecin issu d’un milieu protestant, s'intéressait beaucoup au taoïsme et au bouddhisme. Wieger a notamment rassemblé de nombreuses observations et notes de lecture dans son « Histoire des croyances et des opinions philosophiques en Chine depuis l'origine jusqu'à nos jours » (1917) et a réalisé la première traduction française du Zhuangzi (1913). Cette traduction, parfois considérée comme trop mystique ou trop chrétienne, reflète néanmoins le fait que le Zhuangzi n'est pas d'abord un texte destiné à informer son lecteur mais à le guider dans un cheminement spirituel et/ou intellectuel, voire un cheminement de vie au sens de la Philosophie comme mode de vie développée par Pierre Hadot. À cet égard, deux rapprochements peuvent être observés entre le texte du Zhuangzi et la vie de Léon Wieger : d'une part, Wieger fait état dans ses écrits personnels d'une véritable conversion concomitante à sa rencontre avec la Chine et ses Classiques. D'autre part, alors que Wieger a reçu plusieurs prix de sinologie (Prix Stanislas Jullien) et qu'il était considéré comme un érudit en son temps, son œuvre est tombée dans l'oubli par la suite.

Cette présentation revisite les relations de travail entre la Chine et l'Europe entre 1880 et 1920, présente Léon Wieger et décrit certains aspects clés de son herméneutique du Zhuangzi. Tout au long de la présentation, il apparaîtra que la lecture d'un classique ne laisse jamais ses lecteurs indifférents, qu'ils soient chinois ou étrangers.

L'intervenant

Yves Vendé est maitre de conférences à l’université Catholique de Lille. Il a soutenu en 2018 une thèse de doctorat en philosophie à l’université Sun Yat-sen de Canton, sous la direction de Chen Shaoming 陈少明, portant sur l’herméneutique confucéenne des textes classiques en dialogue avec la pensée de Gadamer et de Ricœur. Il a ensuite approfondi ses recherches en herméneutique et en philosophie chinoise lors d’un premier postdoctorat aux Facultés Loyola Paris (2018-2019), suivi d’un second à Loyola Marymount University, à Los Angeles (2019-2021). Il partage actuellement son temps entre les Facultés Loyola Paris et l’université Catholique de Lille, où il est chercheur associé à ThéoS. Ses travaux portent sur la construction d’une herméneutique philosophique et l’éthique des vertus, envisagées dans une perspective multiculturelle.

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Le séminaire est organisé par Lun Zhang.

Publié le 8 avril 2025