Chasse à l’homme / chasse aux animaux

Journée d'étude | Mardi 14 janvier
Mardi
14
janvier
2020
09:30
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Report de la journée initialement prévue le 10 décembre 2019.

Le passage par les domaines coloniaux et toutes les formes d’impérialisme qui ont marqué l’avènement de notre mondialisation actuelle depuis le XVIe siècle s’avère une voie particulièrement stimulante et riche pour approcher notre relation aux animaux, dans leur permanence comme dans la complexité des enjeux. Cela est particulièrement vrai autour de la chasse qui constitue le thème abordé lors de la deuxième journée du séminaire Histoire mondiale des animaux.

« Le penchant pour la chasse ou la guerre est commun à l’homme avec les animaux ».
Encyclopédie méthodique. Histoire naturelle des animaux, 1782

« De l’évidence et la futilité les pratiques cynégétiques passèrent à une complexité sociale qui en fit un objet digne d’étude pour les chercheurs ».
Valentin Pelosse, « Les modes d’interprétation des pratiques cynégétiques modernes en France » L’Homme, n°18, 1988


Programme | Mardi 14 janvier

FMSH, 54, boulevard Raspail, Paris 6

9h30 Introduction
| Pierre Serna (IHRF-IHMC, Collège d’études mondiales-FMSH)
La chasse aux lions

« C’est un beau rôle que le vôtre. Triompher par le seul fait d’une volonté énergique, du plus redoutable des animaux de la création, se mesurer sans crainte avec un adversaire en quelque sorte invincible, rassurer les tribus consternées, les affranchir de l’impôt quotidien de l’ennemi, leur dire : dormez-en paix, si le lion vient, je suis là et je veille ; imposer à ces hommes émerveillées et reconnaissants le respect de ce nom français, qui, désormais, parle si haut à leurs yeux dans la personne d’un seul homme ; vous faire, en un mot, l’Hercule moderne, l’heureux rival du vainqueur du lion de Nemée, le demi-dieu auquel jadis l’antiquité eût élevé des autels, et que l’Arabe aujourd’hui adore à sa manière, en embrassant à chaque nouveau succès le pan de votre burnous, en baisant humblement la main qui le protège ; nous ne sachons pas qu’il y ait au monde mission plus glorieuse et plus belle. Continuez donc à la remplir dignement ».
Léon Bertrand, mars 1854 in La Chasse au lion et les autres chasses de l’Algérie par Jules Gérard, Paris, au bureau du Journal des chasseurs, 1854

 

10h00 L’homme chassé
Que ce soit sous l’angle de la « guerre aux animaux » ou au prisme de la « guerre comme chasse », l’activité cynégétique sous toutes ses formes et à toutes les époques nous invite d’abord à réfléchir à des formes de continuité entre différents registres de la violence.

| Marie-Claude Charpentier (Université de Franche-Comté PRCE, Laboratoire Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité (ISTA))
Christian Ingrao (Directeur de recherche au CNRS)

Modéré par Pierre Serna

Pause

11h30 Représentations de la chasse

| Laurent Bihl (Maître de Conférences Université Paris 1-Panthéon Sorbonne)
Sylvain Ledda (Professeur de Littératures et Arts à l’université de Rouen)

Pause

14h L’homme chasseur

La chasse ouvre sur la question de la gestion des hommes et des ressources, depuis une idéologie occidentale qui valorise la capacité à soumettre et à s’approprier la nature sauvage jusqu’à des pratiques d’encadrement ou d’exclusion des hommes. L’histoire des relations entre les populations européennes et l’environnement est un sujet important. Elle conduit à l’étude de politiques mais aussi d’attitudes et de pratiques tout à fait spécifiques. Les formes de confrontation entre différentes populations renvoient à l’idée de choc, humain ou environnemental, mais aussi à des notions de contrôle et de régulation.

Paul Bourrieau (docteur en histoire)
Arnaud Exbalin (Maître de Conférences Université de Paris Ouest-Nanterre)
Raphaël Devred (doctorant en histoire environnementale, Université Versailles-Saint-Quentin en Yvelines)
Jacques Leroy (professeur émérite à l’Université d’Orléans)
La protection juridique de l’animal chassé

16h Chasseurs et chassés en milieu colonial

L’étude de la chasse comme pratique politique pourrait nous aider à comprendre comment les acteurs politiques, à commencer par les États, imaginent ou se représentent le vivant comme une ressource à posséder, à s’approprier ou à faire disparaître selon des modalités propres aux sphères culturelles, aux époques ou aux circonstances politiques. Il s’ouvre donc un chantier pour une histoire environnementale beaucoup plus complexe que la seule histoire des prélèvements ou de la protection d’espaces ou d’espèces. L’histoire naturelle de Versailles ou la « guerre des forêts » anglaises du début du XVIIIe siècles nous racontent ainsi les processus de privatisation et de confiscation de la nature entrepris dès le Moyen Âge par les monarchies anglaises et françaises pour s’approprier cette ressource disputée que constitue le grand gibier. Cette appropriation change d’échelle avec les empires coloniaux. Dans les territoires sous domination coloniale, les liens entre inégalités sociales ou raciales et les dynamiques environnementales sont dès lors au centre des problèmes soulevées par la chasse.

Eric de Mari (Professeur d’histoire du droit. Université de Montpellier)
Lancelot Arzel (Docteur en histoire)
| Violette Pouillard (Université de Gand)

17h Conclusion et perspectives

| Peter Sahlins (Professeur d'histoire à l'Université de Californie à Berkeley)

 

Journée d’étude sous la direction de Mme Véronique Le Ru (Université de Reims), MM. Pierre Serna (IHRF-IHMC) et Malik Mellah (IHMC) dans le cadre du séminaire Histoire mondiale des animaux.

Soutenu par l'Institut Universitaire de France

Publié le 14 janvier 2020