Au-delà de la méthode

La Maison Suger a le plaisir d’accueillir la première séance du séminaire mensuel du réseau de recherche international "La nouvelle Sinologie française", intitulée "Au-delà de la méthode : réflexions à partir des échanges entre Édouard Chavannes et ses contemporains".

Ce projet de recherche s’appuie sur une expérience d’enseignement de la méthodologie en études chinoises. L’exposé théorique des méthodes, aussi rigoureux soit-il, se révèle souvent peu parlant pour les étudiants. En revanche, les confronter aux doutes, hésitations et difficultés concrètes rencontrés par les chercheurs permet de rendre la méthodologie plus vivante, plus intelligible et de créer un climat de confiance propice à l’apprentissage collaboratif.

C’est dans cette perspective que cette présentation propose de relire les écrits d’Édouard Chavannes (1865-1918) — non seulement ses publications scientifiques, mais aussi ses notes personnelles et sa correspondance — afin d’y observer comment il évoquait ses incertitudes et ses impasses intellectuelles. Ces aveux de doute ont trouvé un écho chez ses contemporains et ont contribué à la reconnaissance, voire à l’adoption, de la méthode philologique et historienne qu’il défendait.

Nous nous interrogerons ainsi sur le rôle des réseaux savants dans l’orientation des thèmes de recherche, le choix des méthodes et la définition des perspectives disciplinaires aux débuts de la sinologie française moderne, au tournant du XXᵉ siècle. Cette réflexion, encore à l’état préliminaire, aspire à esquisser une histoire renouvelée de la sinologie : une histoire attentive non seulement aux idées et aux méthodes, mais aussi aux relations humaines et aux dynamiques de collaboration qui ont façonné leur élaboration et leur diffusion.

Cette séance sera consacrée aux travaux de Yang Lei, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Sa thèse dessine les paysages sonores formés par les cloches dans les temples de Pékin, et examine comment le son apportait des propriétés sacrées aux fondations religieuses de la capitale de l’Empire entre 1420 et 1900. Ses recherches s’intéressent à la dimension sensorielle de la culture religieuse des Ming et des Qing et portent également sur l’épigraphie et l’histoire sociale des temples de Pékin, ainsi que sur les légendes et contes populaires relatifs aux croyances et pratiques religieuses.

La sinologie est presque une "invention française". Pourtant, malgré l’intérêt considérablement accru pour cette discipline au cours des dernières années et son état actuel, de nombreux efforts restent à fournir pour relever les défis de son développement en France. Sans parler des difficultés liées à la conjoncture actuelle en Chine, du côté français, le manque de moyens nécessaires, les contraintes institutionnelles favorisant la compartimentation des recherches, ainsi que l’insuffisance des échanges entre chercheurs… sont autant de facteurs qui entravent son avancement.

Dans le but de renforcer les échanges entre chercheurs, en particulier ceux de la jeune génération, ce séminaire bimestriel souhaite leur offrir une plateforme de présentation pour leurs travaux. Ce séminaire se veut un lieu de rencontres intellectuelles où la diversité des approches et des thèmes pourra contribuer à une meilleure compréhension des évolutions et des enjeux liés à la Chine en France.

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Organisation

Le séminaire est organisé dans le cadre du programme "Modernité, transition et réforme en Chine" au sein de la FMSH, en collaboration avec le laboratoire Agora (CY Cergy Paris Université), sous la direction de Lun Zhang.