Socio-anthropologie d'un agir discret

Invisibilité et engagements (infra)politiques féminins en Kabylie (Algérie)
Margherita Rasulo Terrain Kabylie
Margherita Rasulo Terrain Kabylie
© Margherita Rasulo
Projet lauréat du Fonds Louis Dumont 2024

Découvrez le projet lauréat 2024 « Socio-anthropologie d'un agir discret : invisibilité et engagements (infra)politiques féminins en Kabylie (Algérie) » du fonds d'aide à la recherche en anthropologie sociale, le Fonds Louis Dumont.

Le projet

Région méditerranéenne et berbérophone algérienne, la Kabylie est traversée depuis les années 1980 par des mouvements socio-culturels qui sont à l’origine d’un processus de reconstruction identitaire. Les instances sociopolitiques et le système de valeurs dits traditionnels sont réactivés par les acteurs sociaux. D'une part, les institutions villageoises telles que les tajmaεt (assemblées gérontocratiques masculines) et le référent tribal (aârch) sont dynamisés et constituent le cadre organisationnel du mouvement ; d'autre part, l'univers de sens politique dans lequel les acteurs s’inscrivent est celui de l'honneur et de taqbaylit (kabylité) qui façonne la resémantisation et la politisation de l'appartenance identitaire. Ces pierres angulaires qui structurent les dimensions sociales et symboliques du politique se basent sur une distribution genrée des rôles et des espaces. En parallèle, le dynamisme propre au processus de reconstruction identitaire est caractérisé par les déplacements constants des enjeux et des significations rattachés à l'honneur. Si les cadres d'organisation du mouvement prolongent l'exclusion féminine de la sphère politique, des mythes tels que la liberté des femmes berbères et le matriarcat originel sont mobilisés par les militants comme source de fierté identitaire.

La présente recherche se focalise sur l'engagement des femmes dans le cadre du processus de reconstruction identitaire en Kabylie à travers l’étude de ses conditions de possibilité, ses formes plurielles et ses conséquences. L’analyse porte sur les effets que la présence des femmes dans la sphère politique impose aux formes et aux normes genrées qui encadrent non seulement les mouvements étudiés mais, plus généralement, le système symbolique et social. En articulant le contexte de domination à l’agir (infra)politique dans les villages, la tension qui traverse l'engagement féminin entre l'appropriation et la contestation du cadre normatif de référence est ainsi interrogée. L’étude de ces engagements –  englobant des formes d'adaptation et de subversion des normes de genre –  correspond à la compréhension de la grammaire invisible de l’agir politique féminin et, par conséquent, des affirmations et des renégociations que ce dernier impose au processus de reconstruction identitaire.

Margherita Rasulo


Margherita Rasulo  est doctorante à l’Inalco (Paris) en cotutelle avec l’université de Naples L’Orientale et elle prépare une thèse sur les modalités plurielles de participation (infra)politiques féminines en Kabylie (Algérie). Chargée de cours à Aix-Marseille Université, elle est membre du RT GenderMed – Penser le genre en Méditerranée (MMSH) et du Center for African Mediterranean Studies Graduate Committee (University of Arizona). Ses articles sont parus sur des revues scientifiques internationales (« L’année du Maghreb », « L’année sociologique », « Studi Maghrebini »).

Margherita Rasulo Fonds Louis Dumont 2024

Les activités

Image page des laureats 2024
Actualité

Lauréats 2024 | Fonds Louis Dumont

Découvrez les lauréats 2024 du Fonds d'aide à la recherche en anthropologie sociale
Publié le 28 octobre 2024