Se soucier des objets victimes de catastrophe

Ethnographie d’une recyclerie dans la préfecture de Fukushima
Se soucier des objets victimes de catastrophe : ethnographie d’une recyclerie dans la préfecture de Fukushima
Se soucier des objets victimes de catastrophe : ethnographie d’une recyclerie dans la préfecture de Fukushima
© pierrick
Projet lauréat du Fonds Louis Dumont 2025

Découvrez le projet lauréat 2025 « Se soucier des objets victimes de catastrophe : ethnographie d’une recyclerie dans la préfecture de Fukushima » du fonds d'aide à la recherche en anthropologie sociale, le Fonds Louis Dumont.

Le projet

Dans la petite ville de Namie (préfecture de Fukushima), évacuée lors de la triple catastrophe du 11 mars 2011, les liens communautaires se recomposent difficilement tandis que de nouveaux habitants s’installent. L’exposition à de « faibles doses » de radioactivité transforme en profondeur le rapport à l’environnement. Dans ce territoire discontinu, l’un des enjeux consiste à établir un état des lieux des liens abîmés par la catastrophe et à interroger les modalités possibles de leur « réparation ».

L’analyse prend pour point de départ la trajectoire atypique d’Izumi san, revenue vivre à Namie après le 11 mars. Dans sa maison-recyclerie, sont recueillis les objets laissés derrière eux par les personnes évacuées à la suite de l’accident nucléaire, abandonnés pendant près de dix ans. Dans ce monde abîmé, le geste singulier de récupération — qui réintègre les objets au monde social — peut être envisagé comme une manière de prendre soin, à la fois des choses et des personnes.

Mais ce geste soulève aussi d’autres questions : pourquoi assumer le risque de se voir encombrée d’objets ayant glissé hors du monde ? À mesure que s’accumulent des objets excédant les capacités de recyclage, la maison ne devient-elle pas un nouveau cimetière pour ces fragments de vie ? Faut-il alors donner raison à Izumi, qui qualifie elle-même la recyclerie de « trash museum », et considérer qu’elle occupe la position d’une passeuse de mémoire, les objets recueillis devenant supports narratifs ?

Jeanne Bouillet


Après une formation littéraire en hypokhâgne-khâgne et l’obtention d’une licence en anthropologie, complétée par une année d’échange à Tokyo, Jeanne Bouillet poursuit actuellement son cursus à l’EHESS en ethnographie et anthropologie sociale. Dans le champ des études japonaises, ses recherches portent sur les catastrophes à travers leur matérialité, en particulier sur la gestion des objets domestiques et la transmission de leur mémoire, sous la direction d’Alice Doublier-Akakpo.

Jeanne Bouillet
© Jeanne Bouillet

Les activités

Lauréats 2025 du Fonds Louis Dumont
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Lauréats 2025 | Fonds Louis Dumont

Découvrez les lauréats 2025 du Fonds d'aide à la recherche en anthropologie sociale
Publié le 27 juin 2025