Les citoyens russes face à la guerre en Ukraine

RUS-OP 2022
RUS-OP 2022
RUS-OP 2022
Projet soutenu dans le cadre des programmes "Crises et métamorphoses de la démocratie" et "Thémis"

Le projet de recherche RUS-OP 2022 « Les citoyens russes face à la guerre en Ukraine » a émergé au printemps 2022 à partir d’interrogations convergentes d'historien.e.s et sociologues travaillant sur la Russie et les Russes en exil. Son ambition consiste à pallier le flou entourant les perceptions par les Russes de l’invasion de l’Ukraine et de la montée de l’autoritarisme en Russie. Par une approche qualitative, via le recueil de plusieurs centaines d’entretiens semi-directifs approfondis, il s’agit de donner à voir le spectre des positionnements et des opinions dans leur dynamique et leur complexité.

Une équipe de sept chercheuses françaises (Bella Ostromooukhova, Sarah Gruszka, Olga Bronnikova, Anna Zaytseva, Valérie Pozner, Carole Sigman, Sofia Tchouïkina) et un chercheur russe en exil (Timur Atnashev), ancrés dans différents laboratoires de recherche en France, mène son enquête aussi bien auprès des Russes restés en Russie que de ceux qui vivaient en émigration depuis longtemps et de ceux qui ont quitté la Russie après le 24 février 2022. Les pays d’exil dans lesquels l’enquête est menée sont la France, la Géorgie, l’Allemagne, l’Arménie et Israël.

Outre la FMSH, le projet a obtenu le soutien du programme « Migrations et conflits géopolitiques » (CNRS/IHEMI) et du CEFR. Il a également noué un partenariat avec « La Contemporaine. Bibliothèque, archives, musées des mondes contemporains » pour la mise en valeur des entretiens collectés et la constitution d’un fonds d’archive d’histoire orale.

Coordinatrices du projet

Anna Zaytseva est maîtresse de conférences à l’Université Toulouse Jean Jaurès, membre rattachée au laboratoire LLA Créatis et membre associée au CERCEC / EHESS. Elle se spécialise dans la sociologie des arts, des pratiques culturelles et du militantisme en explorant diverses intersections entre ces champs. En tant que membre de l’ANR ResisTIC, « Les résistants du net. Contrôle et contournement des frontières numériques en Russie » (2018-2022) elle a étudié les pratiques et les représentations de la sécurité numérique et des libertés en ligne dans la société civile russe, ainsi que les transformations des industries culturelles et des droits de propriété intellectuelle à l’ère numérique. Sa recherche actuelle porte sur les nouvelles formes de censure dans les arts et les transformations des milieux culturels et artistiques russes en exil.

Sarah Gruszka, historienne, chercheuse associée au CERCEC (EHESS/CNRS) et à l'UMR Eur'orbem (Sorbonne Université / CNRS). Elle a soutenu une thèse en 2019 à Sorbonne Université qui a obtenu le Prix de la Chancellerie des Universités de Paris. Basées sur un large corpus de journaux intimes, ses recherches portaient sur l'expérience intime d'une situation de crise extrême (le siège de Leningrad, 1941-1944) et sur la réception du discours de propagande dans l'URSS stalinienne en guerre. Elle a également travaillé sur le très contemporain, en étudiant les enjeux mémoriels de la "Grande guerre patriotique" dans la Russie d’aujourd'hui à travers quelques enquêtes de terrain, au cours desquelles elle a mené plusieurs entretiens et constitué un certain réseau.

Équipe du projet

Bella Ostromooukhova, maîtresse de conférences de russe LEA à Sorbonne Université, membre de l'UMR Eur'Orbem. Sociologue de la culture, travaillant depuis 2015 sur l'édition indépendante en Russie, et également membre de l'ANR Résistic, elle pourra mettre au profit du projet ses recherches concernant le milieu éditorial, et notamment son positionnement face à l'Ukraine, les nouvelles stratégies de survie et les éventuelles trajectoires migratoires dans ce milieu.

Timur Atnashev, chercheur et professeur de philosophie politique et d'histoire intellectuelle à la Haute École de sciences sociales et économiques de Moscou (Shaninka), spécialiste de la sphère publique. Actuellement en exil, lauréat du programme PAUSE. Il a été consultant pour la Mission libérale (Liberal mission) et le Centre d’études stratégiques de Moscou, a participé dans des projets de recherche qualitative de VTsIOM avec Alexey Levinson et coordonné le projet “Obninsky” en histoire orale et anthropologie procédant par recueil de 300 entretiens biographiques auprès de scientifiques et d’ingénieurs de la ville d’Obninsk, un pôle majeur de recherches dans le nucléaire. Il s’intéresse actuellement aux défis que représente une étude sociologique de l’opinion censurée (« Les Russes veulent-ils "l'opération spéciale militaire" ? Pour une anthropologie du for intérieur »).

Carole Sigman est chargée de recherche au CNRS en sociologie politique depuis 2009 et membre du CERCEC (CNRS/EHESS) depuis 2021. Elle s’intéresse aux changements de régime et aux régimes "autoritaires". Ses travaux portent sur les mobilisations politiques en Russie pendant la perestroïka et sur les transformations de l’État et des modes de domination en Russie depuis les années 2000, observées à partir des réformes de l’enseignement supérieur. Elle a notamment publié Clubs politiques et perestroïka en Russie. Subversion sans dissidence, Paris, Karthala, "Recherches internationales", 2009 ; "‘Retour de l’État’ et formes de domination en Russie. Le cas de l’enseignement supérieur", Revue française de science politique, 66, 6, 2016 et "Contourner la compétition par la compétition : les universités russes et les olympiades", Revue française de sociologie, 62, 1, 2021. Elle est responsable de l’équipe Russie du projet ANR "Les conséquences de la loyauté forcée". Elle est enfin membre des comités de rédaction de la Revue d’études comparatives Est-Ouest et de Connexe. Les espaces postcommunistes en question(s).

Valérie Pozner est directrice de recherche au CNRS (Thalim) et jusqu’au 31 août 2023 directrice du CEFR (MEAE-CNRS). Historienne de la culture russe et soviétique, elle a participé à de nombreuses enquêtes collectives, et fera profiter l’équipe de ses nombreux contacts dans les milieux artistiques et académiques russes, ayant été « aux premières loges » à Moscou au moment du déclenchement de l’agression militaire de l’Ukraine par la Russie.

Sofia Tchouikina est docteure en sociologie, maîtresse de conférences en civilisation russe à l’Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, rattachée au LapTop CRESPPA, UMR 7217. Elle a participé à plusieurs recherches collectives, en utilisant les méthodes biographiques et l’observation pour étudier la construction des identités et les pratiques quotidiennes pendant les périodes des crises en Russie. Elle a également étudié la transformation des espaces publics des villes en Russie centrale et dans le Nord-Ouest. Actuellement, elle travaille sur les expositions historiques en Russie, notamment sur la muséification des événements extrêmes du vingtième siècle. En 2022, elle a réalisé une enquête d’exploration auprès de résidents de Saint-Pétersbourg, représentants des différents groupes professionnels, pour rendre compte de leur perception de la guerre et de la situation en Russie. 

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Publié le 14 avril 2023