Race, ethnicité et religion : acteurs sociaux et politiques publiques

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Working paper en anglais.

Le modèle d’intégration britannique est le plus souvent cité comme l’archétype du modèle multiculturaliste en Europe. De plus, il est régulièrement présenté comme un paramètre pérenne de la société britannique, intrinsèque à cette dernière. En réalité, le modèle d’intégration britannique est le fruit de l’interaction entre les minorités ethniques d’origine immigrée installées en Grande-Bretagne après la Seconde Guerre mondiale et la société britannique, une intégration qui a traversé les phases successives d’une évolution toujours en cours. Après une brève période assimilationniste, un paradigme de relations raciales fondé sur les classes sociales fut introduit auquel a succédé la mise en place d’une politique multiculturaliste. Par la suite, le modèle multiculturaliste a fait l’objet d’une série de critiques émanant de sources variées. Cependant, cet article défend la thèse d’une métamorphose plutôt que celle d’une élimination pure et simple, le multiculturalisme s’étant transformé en un paradigme musulman. Il examine les différentes étapes et les modes d’élaboration de la politique d’intégration s’adressant aux immigrés. Ces politiques se sont formulées à partir de la catégorisation des immigrés par la société environnante et par la mobilisation de ces derniers dans leur interaction avec la société britannique. L’article dresse un tableau de chacune des étapes, examine les lignes de fracture et les zones de tension. Il explore les lignes de force qui en sous-tendent l’évolution. Il souligne que l’action des immigrés a été décisive dans la constitution de ces politiques. Il s’agit d’un processus qui a commencé au niveau local à l’initiative des immigrés par la mise en oeuvre de leur capacité d’action, pour ensuite s’étendre à l’échelle nationale. Les programmes de financement considérables qui en ont résulté ont été développés par le gouvernement central mais les artisans de ces politiques et de leur application n’en demeurent pas moins les immigrés et les autorités locales.

Publié le 16 novembre 2012