Documenter les atrocités

Langage & Société n° 181 – 2024/1
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"Documenter les atrocités : de la clandestinité au tribunal et au Musée, usages et effets des écrits de dénonciation (Chili, Argentine, Pérou, Colombie)"

L’objectif de ce numéro est de discuter des usages et des effets sociaux des documents écrits qui inscrivent des épisodes massifs de violence politique, appelés « documents de l’atrocité ». Les articles du dossier s’appuient sur la prise en compte de chaînes d’écriture, des premiers témoignages recueillis clandestinement par des ONG locales jusqu’aux rapports des Nations Unies sur les violations des Droits Humains en passant par les recours auprès des tribunaux, et les travaux des « Commissions Vérité » mis en place par la Justice Transitionnelle. Le premier article analyse le cas d’une jeune femme disparue, de la déclaration faite par ses proches jusqu’à la condamnation obtenue de haute lutte 40 années après les faits, et comment les pérégrinations de certains énoncés ont été décisives. Le deuxième article explore un corpus de 85 énoncés, en scrutant leurs formes d’insertion dans les différents documents de cette chaine. Le dernier texte traite des usages pédagogiques, scolaires et muséographiques, des documents de l’atrocité dans quatre pays (Pérou, Colombie, Chili, Argentine). Leurs auteurs développent une approche située de la force perlocutoire des écrits, force actuellement menacée – fermeture de musée en Colombie, outils pédagogiques interdits au Pérou – ou renforcée – déclassification d’archives en Argentine. Ces documents de l’atrocité restent donc des écritures vives, des forces de témoignage face au déni et de résistance contre l’effacement.

 

Publié le 3 avril 2024