Parcours d’intellectuels en exil

Les conférences à (ré)écouter en podcast !
Sculpture du voyageur de Bruno Catalano

(Re)découvrez le cycle de conférences "Parcours d’intellectuels en exil : un humanisme sans frontières" en podcast ; un cycle  cherchant à rendre visible la complexité des trajectoires intellectuelles et leur importance tant pour le renouveau de la pensée que pour celui de la démocratie.

Milan Kundera, un passeur entre deux Europes

Avec Jacques Rupnik et Iryna Dmytrichina

Figure du renouveau culturel des années soixante en Tchécoslovaquie, Milan Kundera quitte son pays après l'écrasement du Printemps de Prague et l'instauration de censure et de répression baptisé 'normalisation'. En France, pays qu'il choisit comme terre d'exil et dont il deviendra le citoyen, il connaît le succès littéraire avec des romans écrits en tchèque puis en Français. Avec son célèbre essai "Un occident kidnappé ou la tragédie de l'Europe centrale" paru en 1983 (et réédité en 2022) qui connut un immense retentissement, il contribua à dépasser les frontières idéologico-politiques de l'époque et à refaçonner la carte mentale de l'Europe avant 1989. L'écrivain exilé comme passeur entre deux mondes.

Intellectuels français en exil : les implications de l’hospitalité

Avec Joël Roman et Vassiliki-Piyi Christopoulou

Durant la guerre de 1939-1945, plusieurs intellectuels Français payèrent de leur vie leur engagement dans la Résistance active (Jean Cavaillès, Marc Bloch, Victor Basch, Maurice Halbwachs, Jean Prévost), d’autres choisirent, volontairement ou non, l’exil. On peut évoquer les noms de Roger Caillois en Argentine, Raymond Aron et Simone Weil en Grande-Bretagne, ou encore Jacques Maritain, Claude Lévi-Strauss, André Breton ou Paul Vignaux aux Etats-Unis, à New York. Si tous se considèrent comme hostiles au nazisme et à l’occupation de la France, ils divergent vite sur l’attitude à avoir envers celui qui émerge progressivement comme une figure capable d’incarner la France Libre, celle du général de Gaulle. On s’interrogera sur la portée de cette expérience de l’exil, qui fut pour la plupart temporaire et n’occasionna pas comme pour de nombreux exilés allemands par exemple, une adhésion à une nouvelle patrie d’adoption.

Celso Furtado : un exil académique

Avec Rosa Freire d’Aguiar, Afranio Garcia et Glauber Sezerino

Celso Furtado arrive à Paris en 1965, quelques mois après le coup d'État militaire au Brésil. Privé de ses droits politiques et civiques, contraint à abandonner ses fonctions officielles de ministre du Plan et de directeur de l'agence de développement du Nordeste, il entame à Paris une nouvelle vie : celle du professeur universitaire. À la Sorbonne et à d'autres institutions universitaires comme l'IEDES, l'IHEAL et la Maison des sciences de l'homme, il va se dédier pendant vingt ans à former des centaines d'étudiants du monde entier et à écrire sur le Brésil, l'Amérique Latine, le développent, la culture -- des thèmes-phare de son œuvre.

L'exil : comme libération et réinvention de l'identité

Avec Lun Zhang et Emilie Frenkiel

L’un des thèmes culturels et politiques les plus importants de notre temps est le questionnement identitaire, qu'il s'agisse de l’identité personnelle ou de l’identité collective. Depuis l’époque moderne, la Chine a entamé une grande transition vers sa modernité. Les lettrés, représentants de la vieille civilisation, se sont progressivement transformés en intellectuels, acteurs de la modernité. L’exil constitue une partie importante de ce processus difficile et source de souffrances. D’une certaine manière, l’exil a libéré les lettrés de leur enfermement identitaire et ouvert la porte à l’invention d’une nouvelle identité chinoise individuelle et collective. L’exil est toujours un acte de distanciation, d’éloignement, d’anéantissement, mais il est aussi un événement d’élargissement, d’échange, de renaissance et de réinvention. L’histoire de la civilisation humaine nous le montre, la Chine moderne nous le confirme de nos jours.

Publié le 27 juillet 2023