L’Indice de Richesse Inclusive, un indicateur de soutenabilité?

Working paper de Géraldine Thiry et Philippe Roman
""

Dans le paysage des propositions de comptabilité nationale rénovée et de nouveaux indicateurs de bien-être et de soutenabilité, l'approche de la Richesse Inclusive (Inclusive Wealth Framework) et l'Indicateur de Richesse Inclusive qui lui est associé, lancés en juin 2012 pendant le sommet "Rio + 20", sont particulièrement en vue. Construit à la confluence de l'économie du bien-être, de l'économie du développement et de l'économie de la soutenabilité, l'indicateur est supposé informer, de manière exhaustive (inclusive), sur la richesse des nations et leur soutenabilité. Mais le cadre d'analyse de la Richesse Inclusive présente de nombreux problèmes liés à ses hypothèses et à des insuffisances dans la disponibilité des données. Nous montrons que ces problèmes empêchent l'IWI d'atteindre les objectifs de ses auteurs. Plus fondamentalement, l'IWI ne satisfait pas les conditions d'un bon indicateur de soutenabilité. Nous mettons en question les prétentions de l'économie (néoclassique) à pouvoir traiter des enjeux complexes, incertains et variés, notamment à l'aide d'hypothèses de non-optimalité. Nous évoquons ensuite des pistes de recherche alternatives, dont les fondements nous semblent plus à même de développer une approche forte de la soutenabilité dans une perspective moins économiciste. Le choix de nouveaux indicateurs de prospérité ne doit pas reposer sur des critères d'élégance formelle ou de prétendue cohérence théorique.

Les auteurs

Géraldine Thiry est chercheure post-doctorale au Collège d’Etudes Mondiales (FMSH-Paris), au sein de la Chaire du Prof. Dominique Méda, «Reconversion écologique, travail, emplois et politiques sociales». Après avoir obtenu un diplôme de deuxième cycle en sciences politiques (relations internationales) et deux masters en économie à l’Université Catholique de Louvain (UCL), elle a réalisé un doctorat en sciences économiques (obtenu en mai 2012, à l’UCL). Entre septembre 2012 et décembre 2013, elle a été chercheuse au sein du projet européen FP7 «BRAINPOoL» (BRinging Alternative INdicators into POLicies) à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Ses principaux domaines de recherche sont les nouveaux indicateurs de richesse, la socio-économie de la quantification, la comptabilité critique et l’économie écologique.

Philippe Roman est candidat en doctorat en économie à REEDS (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, UVSQ). Il est actuellement assistant enseignant en économie à l'Institut d'études latino-américaines (IHEAL, Sorbonne Nouvelle - Paris 3). Il est titulaire d'un baccalauréat en sociologie et économétrie de l'Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines (ENS LSH, Lyon) et d’un Master en économie internationale (ENS LSH) et en économie écologique (UVSQ). Il a obtenu l'Agrégation en sciences économiques et sociales en 2008. Son travail de doctorat se concentre sur les cadres d'évaluation des projets, y compris les questions de durabilité et d'équité, en mettant l'accent sur les projets de développement de l'eau. Il étudie spécifiquement un cas de transfert d'eau dans le nord-est du Brésil.

Référence

Geraldine Thiry, Philippe Roman. The Inclusive Wealth Index. A Sustainability Indicator, Really?. FMSH-WP-2014-71. 2014.

Publié le 23 juin 2014