Élections en Afrique, miroir du monde

Atelier - 25 et 26 juin
Mardi
25
Juin
2019
Mercredi
26
Juin
2019
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Le but de cet atelier est de plaider en faveur de l’idée que les situations africaines apportent des lumières sur le fait électoral partout dans le monde. En effet, on assiste, depuis les années 1990, marquées par la fin des partis uniques, à une nouvelle expansion du nombre des élections au suffrage universel sur ce continent. La plupart du temps, ces expériences politiques sont identifiées par les chercheurs, soit comme des élections « pas comme les autres », soit comme des élections « sans choix », voire sans électeurs. Ou encore, comparées à la prétendue normalité démocratique occidentale, elles sont alors condamnées à n’être qu’imparfaites, au mieux des imitations malhabiles de ses rituels, au pire de simples simulacres. Ces interrogations se comprennent surtout parce que pendant longtemps, la crédibilité d’une véritable analyse de l’élection en Afrique paraissait subordonnée à la possibilité d’appliquer à ce terrain, les outils quantitativistes utilisés en Occident. L’un des indices de la persistance de ce postulat est que, jusqu’à maintenant, le fait électoral est réduit au vote à telle enseigne que l’application de la règle numérique majoritaire demeure, aux yeux des chercheurs, la seule procédure de légitimation des élus. L’incertitude portant sur la reproduction de la totalité politique est levée par la publication du résultat du scrutin. Or ces interprétations révèlent, à certains égards, un biais méthodologique majeur. En effet, les cas africains montrent que cette règle n’est pas suffisante pour stopper le processus électoral. Accepter l’idée de son insuffisance revient à supposer, d’une part, qu’il en existe une (ou d’) autre (s) radicalement différente(s) et, de l’autre, qu’il importe de distinguer l’élection du vote. Le premier point mérite d’être appréhendé comme tout le processus de sélection des gouvernants, tandis que le second n’est qu’un mécanisme/outil pour choisir. Le programme de recherche Ré-examiner les élections à partir des expériences africaines développe, précisément, cette voie. Il refuse l’idée d’imposer un cadre théorique pré-construit sur les élections, mais pose que sa définition est elle-même une question de description empirique, voire un enjeu de connaissance, anthropologique et sociologique. Pour concrétiser cet objectif, ce programme s’appuie sur un outil, la plateforme électronique EleQta, pour recueillir une quantité considérable de données et permettre leur analyse comparative. Cet outil a été déployé dans onze pays.

Cet atelier est la première occasion d’une rencontre offerte aux superviseurs des équipes locales. Pour contourner les biais introduits par la simple application aux faits africains des explications qui privilégient la logique du mandat et de la délégation, les participants y défendront l’hypothèse selon laquelle l’élection mérite d’être décrite à partir de la composition des formes immanentes d’autorité sociale qui donnent droit à commander autrui. Par ces formes, le corps social s’auto-organise en termes de parts que le savoir, la parenté, le droit d’aînesse, le sacré, l’intelligence, la force, etc., apportent à la reproduction de la chose commune. L’élection se manifeste, par conséquent, comme une des expériences possibles de dramatisation sociale à travers laquelle un ou plusieurs détenteurs de ces formes d’autorité les convertissent en atout politique en cherchant à se faire reconnaître par tous. Les différents cas sont explicités par une approche en termes d’intrigues historiques, ce qui permet, à la fois, d’en décrire la singularité tout en montrant comment elles éclairent les autres situations.

L’atelier se déroulera sur deux jours. Il portera sur les cinq intrigues que le programme a pu construire pour l’instant : la mort du Phénix, le président Zombie, la solution dynastique, l’élection en monarchie et l’impossible contournement du vote… Chaque intervenant présentera les résultats des enquêtes menées sur neuf terrains (Cameroun, Congo, Congo-R.-D., Gabon, Kenya, Madagascar, Swaziland, Togo, Zimbabwe). Les séances seront organisées autour d’une intrigue principale abordée par un ou deux cas.

 


Mardi 25 juin

Matin

Président des séances : Aghi Bahi (Université Félix Houphouet-Boigny, Cocody, Abidjan)

9h30 - 09h45 Mot d’ouverture
Fabienne Samson, Directrice de l’IMAF (IRD-IMAF)

09h45 - 10h45 Séance introductive

Présentation du projet Ré-examiner les élections à partir des expériences africaines
| Rémy Bazenguissa Ganga (IMAF-EHESS)
| Pietro di Serego Alighieri (IMAF-EHESS)

Pause

11h - 12h Discussion sur la plateforme EleQta

12h - 12h45 Séance : Le retour du Phénix

Congo-Brazzaville : modification constitutionnel les présidentielles de 2016
| Rémy Bazenguissa-Ganga (EHESS),

Après-midi

Président des séances : Etanislas Ngodi (Université Marien Ngouabi)

14h - 15h30 Séance : Le Président zombie

Cameroun : le zombie au pouvoir
| Antoine Socpa,  (CASSRT - Université de Yaoundé I)

Zimbabwe : la mort politique du Zombie
| Edknowledge Mandikwza (Heal Zimbabwe Trust, Harare)

Pause

15h45 - 17h Séance : La solution dynastique

Gabon : le « fils de… » à l’épreuve du législatif
| Christian Wali Wali (CERGEP – Université Omar Bongo)

Togo, Dynastisation et pérennisation du régime à parti unique.
| Michel Adovi Ngoeh-Akue (Université de Lomé)

Mercredi 26 juin

Matin

Président des séances : Aghi Bahi (Université Félix Houphouet-Boigny, Cocody, Abidjan)

9h30 - 11h Séance : L’élection en monarchie

Madagascar : le passé royal ressurgit en boomerang dans les élections
| Solofo Randrianja (Université de Toamasina – IEP)

Swaziland : le suffrage universel en monarchie absolue
| Thabo Masuku (FSEJ, Manzini),

Pause

11h15 - 12h45 Séance : L’impossible contournement du vote

Kenya : le règne du "fils de..." à l’épreuve du vote électronique
| Cecilia Passanti (Paris V – CEPED – IHA CREPOS)

RDC : Vers la consolidation de l’ordre dynastique
| François Palama (Université de Kinshasa)

Après-midi

Président des séances : Rémy Bazenguissa-Ganga (IMAF-EHESS)

14h - 15h30 Discussion générale sur les intrigues et le projet

Pause

15h45 - 16h30 Mots de conclusion

Publié le 25 juin 2019