Le mythe du Golem et la technique

Vidéo du séminaire
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Retrouvez en vidéo l'intervention de Mara Magda Maftei dans le séminaire PocFIN de la chaire Éthique et finance

La technique déploie en elle science et langage, ce qui fait d’elle un double, une image de l’homme puisque le cerveau de l’homme est muni de symboles et d’outils, écrit André Leroi-Gourhan.L’humanité est définie en tant qu’organisation technique et symbolique. La technique joue un rôle important dans le procès d’hominisation mais aussi de deshumanisation (la Shoah, la bombe nucléaire, etc.). Elle est un élément constituant de l’homme, qui risque aussi de l’envahir petit à petit en l’artificialisant.Un mythe reste très important pour l’étude de la transformation de l’homme. Il s’agit du mythe du Golem. La créature artificielle que le mythe véhicule est réactivée par la relation d’altérité que l’homme entretient avec la machine et avec les algorithmes. La relation mythe – cybernétique est attestée par Norbert Wiener qui prend le mythe du Golem comme archétype dans son ouvrage publié en 1964, God and Golem, Inc. Le mythe implique l’imaginaire de l’homme alors que la cybernétique se propose de mettre en œuvre des systèmes imaginés par l’être humain.     

Les points que Mara Magda Maftei se propose d’analyser sont les suivants :

L’importance du mythe du Golem. Le fait qu’il en existe plusieurs versions. C’est la version pragoise, parue au XVIIIe siècle, qui présente de l’importance pour mon étude. Le Golem pragois n’est pas une créature divine mais l’invention technique d’un homme, le Maharal.Pourquoi Norbert Wiener recourt-il au mythe du Golem ? La cybernétique conduit à chercher un nouveau moyen de communication entre les êtres humains, ce qui donne une forme technique à la parole. Le mythe du Golem introduit un changement sur le plan de la parole : la matière première employée pour créer le Golem est la poussière, éventuellement mêlée d’eau ; cependant, on doit prononcer diverses combinaisons de lettres une fois que le corps est terminé et c’est ce qui lui communique la vie.Le mythe du Golem est aussi intéressant à étudier car la machine industrielle du Troisième Reich transforma l’homme dans des golems faits de poussières et de cendres, des marionnettes, qui ont l’interdiction d’employer le mot « mort ». Le langage fut manipulé par les nazis afin de procéder à une mécanisation des comportements humains. Le nazisme a ainsi produit une rupture anthropologique. Sera-ce aussi le cas du transhumanisme qui a, ne l’oublions pas, comme outil important un nouveau langage de communication artificiel le langage de la cybernétique ? La cybernétique, l’ordinateur uniformisent-ils le comportement de l’homme et produisent-ils une destruction beaucoup plus calme et consentie de l’homme ? La technique ensorcelle. Elle peut, comme la créature d’argile ou comme Frankenstein, échapper à son créateur. Le mythe du Golem, qui lie donc création et destruction renvoie à l’avènement du nihilisme.

Quel est le rôle de la technique dans le processus de la robotisation de l’être humain et de sa deshumanisation aussi ?

En dernier lieu, elle fera la liaison avec la thématique de la mise en ordre sociale par les normes.

Publié le 14 mai 2019