Anthropologie du pétrole

Transformations sociales et trajectoires des Etats

Organisé conjointement par l’IFPO (Institut français du Proche-Orient), le CEPED (Centre Population & Développement), la FMSH (Fondation Maison des sciences de l'homme) et le LAIOS (Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales), ce cycle mensuel de conférences part du constat qu’en France comme au Proche-Orient, les problématiques liées à l’extraction d’hydrocarbures sont peu traitées, voire maltraitées par les sciences sociales. L’objectif est donc d’affiner des analyses qui sont trop souvent orientées par des présupposés idéologiques telles que la malédiction pétrolière (oil curse) ou la maladie hollandaise (dutch disease). Dans une perspective comparatiste et pluridisciplinaire qui a pour ambition de croiser les regards des anthropologues, des sociologues, des politistes, des économistes, des géographes et des historiens, ces conférences visent à enrichir la réflexion en conviant des spécialistes de plusieurs pays à parler de cas d’études comme l’Irak, le Golfe arabo-persique, le Yémen, l’Azerbaïdjan, le Nigeria, la Libye, le Venezuela ou la Norvège.

Trois principales dimensions seront explorées :

  • les transformations sociales et les changements politico-identitaires liés à la production pétrolière et gazière. A partir d’observations de terrain, il s’agit de centrer le regard sur les lieux de gisements en s’intéressant au fonctionnement quotidien des compagnies pétrolières nationales et multinationales, aux relations de travail avec la population environnante, aux perceptions réciproques des pétroliers et des autochtones, à l’émergence de nouveaux acteurs (chinois, malais, indiens, coréens, etc.), à la mise en œuvre de la responsabilité sociale des entreprises et aux effets de la modernité industrielle sur la culture locale des sociétés dites « traditionnelles ».
  • l’économie politique des hydrocarbures. L’objectif est de s’interroger sur la façon dont la manne pétrolière affecte la trajectoire des Etats et des régions autonomes ou quasi indépendantes (le Kurdistan d’Irak par exemple), modifie les pratiques de gouvernement et finance les pouvoirs publics, notamment les appareils coercitifs de régimes autoritaires engagés dans des conflits armés.
  • la déconstruction des théories de la malédiction pétrolière. Il s’agit ici d’examiner en profondeur la relation entre pétrole, violence, corruption et autoritarisme. Celle-ci n’est pas systématique et interroge donc les présupposés économiques de la maladie hollandaise tels qu’ils ont pu être transcrits en science politique.

A raison d’une séance par mois pendant un an, les conférences se dérouleront à Paris ou au Proche-Orient, en français ou en anglais, suivant les intervenants. Elles s’adressent en priorité aux chercheurs et aux étudiants, mais elles sont également ouvertes aux acteurs économiques et politiques, et aux journalistes. Les intervenants s’exprimeront pendant environ 45 minutes et leur présentation sera suivie d’une discussion de 50 minutes. Le cycle de conférence se conclura par une table ronde à Erbil dans le Kurdistan d’Irak en juin 2013.

Publié le 7 octobre 2013