Augustin Simard

Augustin Simard est professeur agrégé au département de science politique de l'université de Montréal. Il est également chercheur associé au Centre canadien d'études allemandes et européennes (CCEAE). Ses travaux portent sur le rapport entre les idées politiques et la « doctrine juridique » au sens large, surtout dans le contexte des transferts intellectuels entre l’Allemagne et les USA au cours de la première moitié du XX^e siècle.

Le projet

Titre : La critique du formalisme juridique dans l’espace transatlantique

« Ce projet s’inscrit dans une démarche d’histoire des idées politiques et juridiques contemporaines. Je m’intéresse à la manière dont les juristes-savants (les professeurs de droit et les legal scholars en général) ont agi comme des médiateurs et des passeurs entre diAérentes traditions juridiques nationales, jouant le rôle de catalyseurs dans plusieurs des discussions canoniques de la doctrine des XX^e et XXI^e siècles. En portant attention à la dynamique des transferts culturels et aux recodages (parfois très inventifs) des thèmes d’un univers juridique à un autre, mes recherches visent à montrer comment la dimension transnationale est constitutive de la vie des notions juridiques, telle qu’elle s’est manifestée tant dans les changements des paradigmes constitutionnels (diAusion du contrôle de constitutionnalité, déclin du légicentrisme, juridicisation des droits fondamentaux etc.) que dans les diverses acceptions qu’a pris l’idée de « primauté du droit » (rule of law, Rechtsstaat, État de droit). Après avoir consacré plusieurs travaux à l’héritage des débats allemands l’entre-deux-guerres, à leur résonance outre-Atlantique et aux rôles des juristes émigrés dans la constitution d’une culture juridique post bellum, j’aimerais revenir en amont pour aborder le « problème » du formalisme (Rouvière 2009, Summers 2000) tel qu’il a émergé au début du XX^e siècle, au fil d’une série d’échanges transatlantiques. On sait que le thème du formalisme – de son dépassement et de sa critique –s’est retrouvé au cœur de plusieurs des plus ambitieux projets de renouveau de la doctrine dans la première moitié du XX^e siècle au nombre desquels la sociological jurisprudence et la legal realism aux États-Unis, le Freirechtsbewegung et la Interessenjurisprudenz en Allemagne, et méthode de la « libre Recherche » en France). »

Institution d'accueil : École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) - CIÉRA

Bibliographie sélective

• L’abîme du droit. Textes de Franz Neumann, Otto Kirchheimer et Ernst Fraenkel sur le libéralisme, le capitalisme et le nazisme. Traduction, introduction et notes critique. Montréal, PUM, à paraître fin 2025.
• « Les juristes exilés et leurs bibliothèques invisibles », in Noémie Gourde-Bouchard et Marie-Andrée Plante (dir.), Les bibliothèques des juristes, Paris, Bruylant, 2025.
• Le droit et son autre. Otto Kirchheimer et la critique de l’État de droit, Montréal, PUM, 2023.
• « L’état d’exception... et après? Exception, exécutif et autoritarisme selon Otto Kirchheimer », Marie Goupy et Yan Rivière (dir.), De la dictature à l’état d’exception, Rome, Éditions de l’EfR, 2022.