Religions and acts of violence
Violence: An international journal lance un appel à contributions sur le thème : « Religions and acts of violence ». Ce dossier sera coordonné par Mohamed-Ali Adraoui, professeur assistant à l'université Radboud.
Violence: An international journal recherche également des articles varia, mais entretenant toujours un lien étroit avec les problématiques relatives à la violence et à la sortie de la violence.
Mohamed-Ali Adraoui, Professeur assistant à l'Université Radboud.
Où en sommes-nous dans l'étude des religions et des actes de violence ? Une grande partie de la littérature récente sur les religions s’est concentrée sur les mouvements islamiques modernes. Pourtant, face à la diversité des groupes se réclamant de traditions religieuses contemporaines variées, nous disposons ici d’un large éventail d’études de cas dans le domaine des religions et des actes de violence.
Qu'il s'agisse de groupes explicitement affiliés à des religions ou de formes plus diffuses et moins organisées, les formes de violence (physique et/ou symbolique) qui empruntent au langage et à l'imaginaire religieux suscitent un intérêt renouvelé depuis plusieurs décennies (Juergensmeyer, Kitts et Jerryson 2013, Kaplan 2015, Juergensmeyer 2020). Dans de nombreuses religions, qu’il s’agisse de l’hindouisme, du judaïsme, du bouddhisme, de l’islam, du christianisme, ou d’autres traditions aujourd’hui visibles partout dans le monde, des configurations violentes impliquent l’imaginaire religieux et des acteurs prétendant représenter des communautés de foi, offrant aux chercheurs l’opportunité de questionner, confirmer ou infirmer l’état des connaissances sur les formes religieuses de violence physique et/ou symbolique. Ces configurations peuvent prétendre défendre les intérêts de certains partis politico-religieux dans des contextes locaux ou nationaux, ou encore les visions et conceptions globales des communautés religieuses que certains acteurs s’estiment dignes de représenter. De plus, à quel moment et dans quelles conditions devient-il possible de parler d'une forme de violence "religieuse", compte tenu des difficultés à définir cette dimension et son autonomie dans l’étude de types particuliers d'agression et de véhémence ? Tous ces éléments sont essentiels non seulement pour comprendre la sociologie de certains types de violence, mais aussi pour saisir les mécanismes possibles de sortie de la violence. Par exemple, les conflits de nature religieuse facilitent-ils ou rendent-ils plus difficiles les processus de sortie de certaines dynamiques violentes ?
Pour ces raisons, Violence: An International Journal lance cet appel à contributions, en proposant quelques axes de réflexion, qui ne sont bien sûr ni exhaustifs, ni focalisés uniquement sur les manifestations contemporaines de ces types de violence. Ce numéro spécial pourrait, par exemple, explorer certains aspects de la thématique "Religions et actes de violence". Il s’intéressera à une diversité de traditions religieuses et à des contextes géographiques et historiques variés, afin d’éviter autant que possible les prismes déformants de l’actualité. L’objectif est de proposer une analyse comparative et approfondie des phénomènes de violence et des processus de sortie de violence impliquant des éléments religieux (acteurs, discours, imaginaires, stratégies, cibles, qu’ils soient internes ou externes, et au-delà des cas de critique).
Sur le plan conceptuel, comment la métaphysique et les conditions de la violence ont-elles été et sont-elles encore pensées dans différentes traditions religieuses ? Les auteurs qui se pencheront sur ces questions pourront être ou non spécialistes du contenu doctrinal et pourront développer une analyse historico-théologique. Parmi les problématiques envisageables : comment la violence et la vérité s’articulent-elles dans certaines religions ? Qu’est-ce qu’une violence juste ou nécessaire ? Est-il vraiment pertinent de parler de "conflit religieux" ? Une justification religieuse de la guerre suffit-elle pour évoquer une guerre de religions ?
D’autres contributions pourraient explorer la dimension historico-sociologique des formes de violence référencées religieusement. À travers des exemples précis, confiés à des historiens, politologues, sociologues ou anthropologues, il sera possible d’analyser les conditions et contextes spécifiques dans lesquels une violence, formulée et légitimée de manière religieuse et sacrée, a été déployée. Des exemples empiriques pourraient provenir de toutes les régions du monde, afin d’offrir une description aussi variée que possible des configurations où se mêlent violence et religion. Les similitudes et différences géographiques, doctrinales, sociales et politiques seront discutées. Une question intéressante pourrait être celle de la lecture ou relecture de certaines religions qui les orientent vers des stratégies de violence politique et métaphysique. Par exemple, aujourd’hui, on observe diverses constructions millénaristes et eschatologiques au sein de certaines religions, au nom desquelles une véritable "théologie de la guerre et de la fin du monde" est mise en place. Que pouvons-nous dire de ces phénomènes qui impliquent non seulement une conception religieuse de l'ordre social et politique, mais aussi une vision de l'histoire, que certains groupes envisagent purement et simplement d’interrompre pour faire advenir des temps célestes ?
Ces questions permettront également d’examiner de plus près les configurations articulant politique et religion : est-il possible de dresser une typologie des conflits impliquant des acteurs à référence religieuse ? Est-il possible d’isoler les catégories de "politique" et de "religion" dans un conflit ? Existe-t-il des indicateurs pour mesurer l’influence d’un facteur religieux sur un phénomène social ?
Ce numéro spécial peut aussi se concentrer sur les dynamiques de prévention et de sortie de la violence et aborder des cas théoriques et empiriques spécifiques où des acteurs, discours et imaginaires religieux sont intervenus pour prévenir, initier, renforcer ou accompagner un phénomène de prévention ou de sortie de la violence. Plus précisément, comment peut-on évaluer si le rôle de la religion dans la volonté de prévenir et de mettre fin à la violence a été positif ou négatif, et quelles caractéristiques spécifiques marquent l'intervention religieuse dans la sortie de la violence ? À titre d'illustration, on pourrait aborder la question du repentir, par lequel certains acteurs, au nom même de la religion pour laquelle ils ont choisi de combattre, cherchent les moyens et les justifications pour mettre fin à la violence et aux conflits armés. Certains conflits, comme ceux en Amérique latine, se sont achevés avec des protagonistes réinterprétant leur héritage religieux, voire changeant de religion, afin de condamner les violences passées mais aussi de se "renaître" personnellement dans une nouvelle réalité morale, celle du pardon et de l’expiation. De même, dans certains cas, la sortie de la violence a mobilisé la religion pour justifier rétroactivement les crimes passés. Certains criminels ont ainsi pu inscrire leurs actions dans des conflits dans un registre spirituel et religieux, afin de se présenter comme les "bras armés" d'une entreprise cosmique dont ils n’étaient, en fin de compte, que les simples serviteurs. Que penser de ces usages a posteriori de la religion ?
La violence sous toutes ses formes constitue aujourd’hui un vaste domaine de recherche dans le champ des sciences humaines et sociales.
Il n’en va pas de même pour la prévention et la sortie de la violence qui relèvent d’un espace peu structuré, où les connaissances sont plus empiriques que théorisées, et produites par des acteurs de terrain (ONGs, associations), des experts ou des professionnels bien plus que par des chercheurs en sciences humaines et sociales.
Violence: An international journal veut rassembler et faire vivre une large communauté internationale de chercheurs, de professionnels et de praticiens, autour de deux enjeux scientifiques et intellectuels complémentaires, mais distincts : l’analyse de la violence, dans ses diverses expressions et métamorphoses, et celle de la prévention et de la sortie de la violence.
Violence: An international journal a donc pour projet, tout en développant la compréhension de la violence, de faire de la sortie et de la prévention de la violence un véritable domaine de recherche, avec ses apports et ses débats.
La revue veille également à articuler la recherche en sciences humaines et sociales à d’autres champs de la connaissance et de la réflexion. Elle tisse des liens particuliers avec les milieux artistiques et littéraires.
Violence: An international journal est une revue biannuelle intégralement en anglais, publiée par les Éditions de la Maison des sciences de l'homme et Sage Publishing.
Votre article doit être accompagné d’un résumé, d’une bibliographie détaillée, ainsi que d’une courte biographie. Il devra compter entre 5,000 et 8,000 mots (notes de bas de page, bibliographie et biographie incluses). Chaque article devra également être envoyé, de préférence, au format Word, et employer, systématiquement, le mode de référencement du système Harvard, comme suit :
Brague, R. Sur la religion, Paris: Flammarion, France, 2018.
Cavanaugh, W. T. The Myth of Religious Violence: Secular Ideology and the Roots of Modern Conflict, New York: Oxford University Press: New York, 2009.
Juergensmeyer, M. Ed. Violence and the Sacred in the Modern World, Abingdon: Routlege, 2020.
Juergensmeyer, M., Kitts, M., Jerryson, M. The Oxford Handbook of Religion and Violence. New York: Oxford University Press, 2013.
Kaplan, J. Radical Religion and Violence, Abingdon: Routlege, 2015.
Murphy, A. R. Ed. The Blackwell Companion to Religion and Violence, John Wiley & Sons, 2011.
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Il vous est demandé de porter une attention particulière à la qualité de l’écriture, de sorte que votre article puisse être accessible à un lectorat plus large que celui du monde académique.
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Dossier « Violence and emotions »
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