Colloque | Habiter le XXIe siècle. Quels lieux pour le vivant ?

Appel à contributions | Date limite : 30 avril 2024
Colloque H21
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Le colloque "Habiter le XXIe siècle. Quels lieux pour le vivant ?" se tiendra sous le parrainage de Philippe Descola, les 9 & 10 octobre 2024, à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme.

Argumentaire

Pourquoi l’idée d’habiter au XXIe siècle ne se pose-t-elle plus de la même manière qu’au XXe siècle ? Face aux conséquences de l’industrialisation, les modes d’étude ont radicalement changé et de nouvelles considérations – sociales, matérielles, éthiques – ont émergé. L’habitat humain est le seul habitat biologique aussi invasif, et contribue par sa capacité transformatrice au niveau géologique à la notion d’Anthropocène. Son importance est à la fois matérielle et symbolique car la « maison », pensée comme Heimat, est une notion difficilement détachable de celle d’identité. Repenser ses formes en regard de la prise en compte des mutations du monde et de la réintégration de l’Homme au vivant est l’enjeu de ce colloque.

 

Tâchons d’établir une distance vis-à-vis du quotidien, de nous étonner pour découvrir d’autres façons de vivre la condition humaine, d’adopter une attitude critique vis-à-vis de notre propre civilisation, et de produire des doutes et des savoirs pour rêver à d’autres projets de société.

Philippe Descola
Philippe Descola
© Claude Truong-Ngoc

Les interventions s’organiseront autour de 4 axes de réflexion :

Axe 1 : Biosphère vs Anthropocène

Margareth Cavendish, Lamarck, Vladimir Vernadsky, Pardot Kines, James Lovelock… Nombreux sont les scientifiques qui ont contribué à théoriser les interactions entre la biosphère et les êtres vivants, laissant apparaître le rôle de la vie dans le développement des environnements que nous connaissons. Mais que peuvent encore les sciences de la Terre face à l’influence de l’être humain ? À l’heure où la géologie considère l’activité anthropique comme la contrainte dominante, face à toutes les autres formes naturelles lui ayant prévalu, comment penser l’impact de l’Homme sur Terre ? Et que penser de l’impact de l’Anthropocène sur l’Homme lui-même ?

Ces dernières décennies ont vu naître les premières mises en garde contre les conséquences de l’ère industrielle, pour l’ensemble du vivant. Qu’en est-il pour l’Homme ? Quelle place peut-il raisonnablement (re)prendre dans le système du vivant, parmi les autres animaux, et comment peut-il apprendre d’eux pour bâtir un équilibre ?

Pistes de réflexion :

  • Tracer l’histoire des idées de la biosphère
  • (Re-)lier l’humain à la nature
  • Repenser l’éthique animale et végétale
  • S’inspirer des animaux
  • Évaluer l’impact de l’Anthropocène sur le futur des espèces
  • Décrypter le besoin de nature
  • Vers une nouvelle cosmologie ?

Axe 2 : Crises, rejets, nouvelles sociabilités

Changement climatique oblige, l’occupation de l’espace terrestre est inexorablement en plein bouleversement. En effet, les épisodes climatiques violents (sécheresses, inondations, tempêtes…), rendant impropres à la vie une partie des territoires actuellement occupés, entraînent à la fois un déplacement de populations et un nouveau partage de l’espace.

Comment envisager les flux de personnes, réfugiés climatiques qui ne manqueront pas de franchir les frontières pour trouver un refuge ?

Et comment repenser le vivre-ensemble dans un monde où l’espace disponible pour vivre, pour cultiver, va diminuer, poussant des populations qui n’avaient que peu en commun à se mélanger ? Qu’en sera-t-il du modèle traditionnel occidental de la famille nucléaire et quels nouveaux modes de vie proposer (habitats communautaires, colocation, colocation intergénérationnelle…) ? Enfin, est-il utopique d’imaginer qu’un tel monde est possible ?

Pistes de réflexion :

  • Tout quitter face à la tempête : les réfugiés climatiques
  • Exemples d’expériences d’intégration de réfugiés climatiques
  • Limites des smart cities
  • Les nouveaux modes du vivre-ensemble
  • La ville face à la santé mentale

Axe 3 : Nouvel urbanisme – nouveaux matériaux ?

Si replacer l’Homme dans son contexte naturel est primordial pour faire évoluer l’image que nous avons de sa place au sein de la communauté du vivant, la deuxième étape consiste à repenser, concrètement, son habitat. En 2050, sept personnes sur dix vivront en milieu urbain : comment, alors, penser à la fois l’adaptation des villes actuelles et la création de nouveaux espaces urbains ? Entre politique du « zéro artificialisation nette » et désimperméabilisation des sols, entre nécessité de repenser les transports ou la gestion des déchets, végétalisation, biomimétisme, et prise en compte du réchauffement climatique, à quoi pourrait ressembler la ville idéale et comment, techniquement, peut-elle être mise en œuvre ?

La présentation de bonnes pratiques, d’initiatives reproductibles, de nouveaux matériaux et de modes de penser la ville sont les impulsions d’un nouvel urbanisme.

Pistes de réflexion :

  • Nouveaux matériaux de construction
  • Durabilité des matériaux
  • Contraintes politiques/contraindre le politique
  • La nature comme modèle pour la ville ?
  • Cohabitation entre espèces

Axe 4 : Imaginaires

Au regard de l’utopie – pour rêver un avenir meilleur –, de la dystopie – pour envisager le pire – ou encore du métavers – comme refuge ou exutoire –, l’imaginaire dessine des mondes vraisemblables pour demain. Entre exercice de pensée et véritable expérience numérique, le cerveau humain, tant celui du créateur que celui du scientifique, s’est attelé à imaginer les futurs de l’Homme et de son milieu.

D’une part, la science-fiction propose de multiples facettes des futurs potentiels. Depuis Les Monades urbaines de Robert Silverberg à Silo de Hugh Howey en passant par Soleil vert ou Elysium, que nous prédisent les œuvres de science-fiction – et qu’ont-elles prédit qui est déjà advenu ?

D’autre part, le développement du métavers comme lieu de vie semble réduire le futur de l’Homme à son esprit seul. Se trouvant alors détaché du réel, à peine lié à son propre corps qui assure les fonctions biologiques de survie, à quoi ressemble la vie d’un Homme totalement extrait du milieu naturel qui l’a vu naître, quel impact a-t-il alors sur ce milieu et comment analyser l’attrait humain pour ce mode d’existence ?

Pistes de réflexion :

  • Rôle de la science-fiction sur les sciences et vice-versa
  • Que dit le désir de métavers de nos besoins sociaux ?
  • Imaginer, rêver, inspirer : vers une nouvelle cosmogonie ?
Les modalités de candidature

Modalités de participation

Ce colloque voulant associer les notions du vivant (humain compris), des lieux et de l’habiter, les quatre thématiques des deux journées s’inscrivent dans un sens téléologique.

Les intervenants sont invités à participer aux deux journées du colloque pour favoriser les discussions interdisciplinaires, dans la progression des thématiques et des niveaux de réflexion.

Chaque intervenant est invité à faire une présentation d’une durée maximale de vingt minutes qui peut s’accompagner d’images, de sons, de vidéos ; une large part du temps est dédiée à la discussion entre participants et avec la salle. Dans la mesure du possible, les intervenants seront installés près du public.

Modalités de soumission

Les auteurs intéressés sont appelés à soumettre leurs articles en texte intégral aux deux adresses suivantes : prouleau@msh-paris.fr ; lolber@msh-paris.fr

Calendrier  :

  • Date limite de réception du texte intégral : 30 avril 2024
  • 30 mai 2024 : réponse et notification aux intervenants
  • 30 juin 2024 : date limite de réception des textes définitifs

Pour la mise en page de l’article, veuillez suivre les règles suivantes :

  • Texte sous Word, Times New Roman 12, interligne 1,5, 20 000 signes espaces compris.
  • Les articles seront expertisés par le comité scientifique du colloque.

Langues : français, anglais

Le programme

9 octobre 2024

8h30 : Accueil

9h-12h : Biosphère vs anthropocène

13h30-18h : Crises, rejets, nouvelles sociabilités

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10 octobre 2024

8h30 : Accueil

9h-12h : Nouvel urbanisme – nouveaux matériaux ?

13h30-17h : Imaginaires

17h-18h : Conclusion

 

Comité d'organisation

Pascal Rouleau, directeur des Éditions de la MSH

Laura Olber, éditrice, Éditions de la MSH

Sara Guindani, directrice adjointe du pôle recherche et international de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme

Géraldine Gradel, Directrice de la philanthropie et du mécénat de la Fondation Maison des sciences de l’homme

Il devient urgent de produire des savoirs, des idées, des récits, des envies pour un futur commun [...] c’est à la transdisciplinarité portée par tous les intervenants de ce colloque que revient cette tâche, représentants des sciences humaines, des sciences expérimentales et du monde civil.

Philippe Descola