Les effets de la goutte froide du 29 octobre à Valence

Présentation d'une recherche en cours dans le cadre des "Jeudis de la Maison Suger", séminaire de recherche des résidents.

Cette séance accueillera Albert Moncusí-Ferré pour une réflexion sur les enjeux méthodologiques, épistémologiques et politiques d’une ethnographie de l’urgence menée à la suite d’une catastrophe naturelle majeure survenue dans la région de Valence (Espagne) en octobre 2024. À partir d’un terrain en cours, il proposera une analyse des effets sociaux, culturels et institutionnels d’un événement climatique extrême, et discutera du rôle de l’anthropologie face aux désastres contemporains.

Le thème du projet de recherche

« Le 29 octobre 2024, une Dépression Isolée d'altitude a provoqué une inondation sans précédent qui a touché 90 localités de la province de Valence (Espagne), en particulier dans une région densément peuplée (L'Horta Sud) qui concentre une importante activité commerciale et industrielle. La catastrophe a fait 228 morts et détruit des habitations, des commerces, des services et des infrastructures publiques. Plusieurs mois après, les dégâts matériels et émotionnels persistent, une vague de protestations populaires réclame des responsabilités institutionnelles et politiques, et les efforts se multiplient sur plusieurs fronts pour mener à bien une reconstruction difficile. Quelques semaines après la catastrophe, des collègues du département de sociologie et d'anthropologie sociale ont lancé une ethnographie de l'urgence, qui s'est poursuivie avec la reconstruction. Des entretiens, des lectures de presse, des sessions d'observation et des journaux de terrain ont été combinés à une immersion dans des textes qui, depuis le fin des années 1960 ont consolidé un champ d'étude socio-anthropologique des catastrophes déclenchées, entre autres, par des phénomènes naturels. Ce séminaire vise à partager les réflexions en cours et les conclusions de cette ethnographie de l'urgence et de la reconstruction. L'accent sera mis en particulier sur le développement de la méthodologie ethnographique et sur les implications éthiques et épistémologiques qu'elle implique, ainsi que sur les limites qu'elle peut comporter. En outre, une réflexion croisant les résultats obtenus avec ceux d'autres recherches sera proposée afin de contribuer à la compréhension des effets de la DANA à trois niveaux : socio-structurel, socioculturel et sociopolitique.»

L'intervenant

Albert Moncusí-Ferré est docteur en anthropologie sociale et culturelle à l'université Rovira i Virgili (Tarragone, Espagne) et maitre de conférences au département de sociologie et d'anthropologie sociale de l'université de Valence (Espagne), où il travaille en tant que professeur depuis 2000. Il a été Doyen de la faculté des sciences sociales de la même université (2018-2024) et directeur du master en gestion culturelle (2009-2015). Il est membre des groupes de recherche MIDICO (Migrations, diversité et cohésion sociale) et ANTROPIA (Groupe d'études en Anthropologie, patrimoine et imaginaires culturels), et membre de l'Institut d'Estudis Catalans depuis 2021. Il a également été chercheur invité à l'université Queens de Belfast (Royaume-Uni, 2003), au Laboratoire d'Anthropologie Urbaine (CNRS, France, 2011) et au COMPAS (Center on Migration Policy and Society, (Oxford, Royaume-Uni, 2015). Il a participé à des projets et des contrats de recherche et a publié des livres, des chapitres et des articles sur la convivialité interculturelle dans des contextes urbains, sur l'immigration et la migration qualifiée, ainsi que sur le patrimoine culturel et la mémoire collective.