Appel à projets Recherches émergentes

Appui scientifique, matériel et financier pour l’amorçage de projets innovants autour de thématiques à forts enjeux

La Fondation Maison des sciences de l'homme offre chaque année son soutien pour des projets de recherche en phase d’élaboration sur des thématiques à forts enjeux. Ce soutien doit permettre aux porteurs de projet de préciser leur problématique et leur méthodologie, et de développer leurs réseaux de recherche.

L'appel est ouvert aux chercheurs et chercheuses de toutes les disciplines de sciences humaines et sociales, dès le niveau doctoral. Seul le coordinateur ou la coordinatrice doit être statutaire, associé.e ou affilié.e à une institution de recherche ou établissement d’enseignement supérieur français qui hébergera le projet pendant sa durée.

L'évaluation et la sélection des projets porte principalement sur la dimension collaborative et sur l'originalité de la problématique et de la démarche.

Le projet est financé sur deux années consécutives à hauteur de 20 000 € au total (soit 10 000 € par an), et le soutien porte sur les différents types de dépenses liées aux activités du projet (frais de déplacement, hébergement, restauration, logistique des évènements…), à l’exception des salaires et rémunérations hors prestataires.

Les responsables des projets de recherche retenus pourront solliciter l’accompagnement de la cellule « Montage de projet ANR et Horizon Europe » de la FMSH pour le montage et la préparation de dossiers de candidatures auprès des programmes de financement nationaux et internationaux.

Attention, les projets et chercheurs bénéficiant déjà d’un soutien de la FMSH ne sont pas éligibles à cet appel. De même, les projets retenus les années précédentes ne peuvent pas bénéficier à nouveau de ce soutien.

 


Les thématiques retenues pour la période 2021-2022

Transition écologique et justice sociale : Inventer de nouveaux modèles de fonctionnement

La crise environnementale actuelle, à laquelle s’ajoute depuis peu la crise sanitaire globale liée à l’épidémie de Covid-19, représente un défi sans précédent et appelle à des mutations d’envergure dans l’ensemble des usages politiques, économiques et sociaux, tant au niveau individuel que collectif. En dépit de la prise de conscience sociale et politique de la nécessité et de l’urgence d’une transition, et malgré des avancées de la recherche et des technologies sur la durabilité, les résultats escomptés se font largement attendre. Cela tient en partie à ce que nous ne disposons pas d’une compréhension suffisamment fine et opératoire de la façon dont des transitions de cette ampleur peuvent se conduire, à l’absence d’un projet d’ensemble qui puisse fédérer et engager les citoyens à agir collectivement, significativement, en faveur de la durabilité, pour la transformation profonde de la société et des comportements.

La transition environnementale, dans ce qu’elle implique comme invention de nouveaux modèles de fonctionnement en appui et complément aux évolutions techniques, ne semble alors possible que si elle est juste et perçue comme telle. Les relations entre enjeux environnementaux et défis de la justice sociale, déjà posées par la commission Brundtland il y a 30 ans, méritent alors d’être remises au centre des réflexions sur la durabilité et la transition.

 

Populisme et démocratie

Au-delà de ses avatars historiques et géographiques, la notion de populisme est généralement définie à partir du triptyque anti-élitisme, croyance en un peuple homogène et préférence pour une souveraineté populaire qui s’exerce sans médiation (Akkerman, Mudde et Zaslove 2014 ; Schulz et al. 2017).

Les partis répondant à ces critères se sont aujourd’hui installés aussi bien dans les jeunes démocraties que dans les démocraties consolidées. En 2019, ils participaient aux gouvernements de onze pays d’Europe, avec un électeur sur quatre ayant voté pour un parti populiste lors de la dernière grande élection nationale (Timbro Authoritarian Populism Index, 2019). Les partis populistes prospèrent à mesure que l’écart se creuse entre les aspirations démocratiques et le fonctionnement souvent déceptif des démocraties libérales (Rooduijn, van der Brug et de Lange 2016 ; Rosanvallon 2000). En mettant en avant une exigence radicale de souveraineté populaire, les partis populistes s’adressent d’abord à un électorat insatisfait de la démocratie représentative, voire qui remet en cause le principe même de la représentation comme moyen efficace pour traduire la volonté du peuple en décisions politiques.

Le populisme peut ainsi être vu à la fois comme une menace et une opportunité pour la démocratie. Le populisme exclusif - souvent associé à la droite radicale puisqu’il limite le peuple aux natif.ves et se conjugue volontiers avec des éléments xénophobes - peut fragiliser la démocratie et conduire à des régimes démocratiques illibéraux du fait de sa composante anti-pluraliste, en privilégiant une conception organique du peuple qui conduit à rejeter l’Etat de droit, les droits des minorités ou la séparation des pouvoirs (Urbinati 1998).   

À l’inverse, un populisme plus inclusif - volontiers associé à la gauche radicale puisqu’il combine des marqueurs populistes avec des marqueurs idéologiques de gauche comme la meilleure répartition des richesses - peut approfondir la démocratie en poussant les élites politiques à mieux tenir compte des revendications populaires. Il peut aussi armer les partis sociaux-démocrates et les organisations associatives avec des narratifs consensuels, susceptibles d’augmenter la participation électorale des milieux populaires, voire d’unifier leurs doléances (Mudde et Kaltwasser 2013) en construisant le peuple comme un sujet politique (Laclau 2002).

Cet appel à projet vise à promouvoir les recherches qui interrogent les liens entre populisme et démocratie en France et à l’international, aussi bien sous l’angle de l’offre populiste (comment les partis populistes émergent, comment ils s’organisent, leurs plateformes politiques…) que sous celui de la demande populiste (à quel point les individus adhèrent à l’idée selon laquelle la société est traversée par un conflit entre le peuple et les élites, comment cet antagonisme moral se conjugue avec d’autres référentiels idéologiques…). Différentes perspectives disciplinaires et approches du populisme (comme rhétorique, stratégie politique ou idéologie) peuvent ainsi être mobilisées. Théoriquement, les partis populistes se distinguent des partis extrêmes en ce qu’ils acceptent les principes démocratiques tout en rejetant certains aspects de la démocratie libérale. Ils remettent ainsi en question une tradition schumpétérienne où les gouvernés choisissent les gouvernants pour exercer leur volonté à leur place, et ouvrent la voie à d’autres logiques de représentation plus horizontales et participatives. Une attention particulière sera accordée aux projets qui travaillent ce lien entre populisme et innovations démocratiques.

 

Références

Akkerman Agnes, Mudde Cas et Zaslove Andrej, 2014, « How Populist Are the People? Measuring Populist Attitudes in Voters », Comparative Political Studies, 2014, vol. 47, no 9, p. 1324‑1353.

Laclau Ernesto, 2002, The Populist Reason, London, Verso.

Mudde Cas et Kaltwasser Cristóbal Rovira, 2013, « Exclusionary vs. Inclusionary Populism: Comparing Contemporary Europe and Latin America », Government and Opposition, 2013, vol. 48, no 2, p. 147‑174.

Rooduijn Matthijs, Brug Wouter van der et Lange Sarah L. de, 2016, « Expressing or fuelling discontent? The relationship between populist voting and political discontent », Electoral Studies, septembre 2016, vol. 43, p. 32‑40.

Rosanvallon Pierre, 2000, La démocratie inachevée, Paris, Gallimard.

Schulz Anne, Müller Philipp, Schemer Christian, Wirz Dominique Stefanie, Wettstein Martin et Wirth Werner, 2017, « Measuring Populist Attitudes on Three Dimensions », International Journal of Public Opinion Research, 2017.

Urbinati Nadia, 1998, « Democracy and Populism », Constellations, 1998, vol. 5, no 1, p. 110‑124.

 

Partenariat scientifique

Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC)
Centre d'Etudes et de Recherches de Sciences Administratives et Politiques (CERSA)

Les activités

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Quatre projets retenus pour les deux thématiques à forts enjeux 2021-2022
Publié le 5 novembre 2021