Séminaire Wittgenstein - Détrôner l'être ?

2014-2015 : Détrôner l'être

Il s’agira sous ce titre emprunté à H. Putnam, de l’élimination de l’ontologie au nom d’une conception analytique de la signification, mouvement inauguré au début du XXe siècle par ce qu’il est convenu d’appeler la « tradition analytique » (Frege, Wittgenstein, Carnap, Russell, Quine). Cependant, l’élimination de l’ontologie est une chose, le fait de « détrôner » l’Etre une autre. La question reste posée d’une descente de l’Etre à l’être. L’Etre « détrôné » descend de son piédestal sans disparaître pour autant.

Nous nous interrogerons pour savoir ce qui a résulté du fait, écrit Quine, d’avoir « troqué l’essence contre le sens ». La confusion de la signification avec la référence a été ensuite critiquée, quoique la nécessité de sauvegarder le lien organique du langage avec le reste du monde et la science, ait fait l’objet d’une exigence constamment rappelée sous diverses formes, toujours avec l’objectif de détrôner le  « réalisme » de source, dit-on parfois « platoniste ».

Wittgenstein est mentionné comme celui qui a inauguré ce geste consistant à « détrôner l’Etre » qualifié d’« anti-philosophique » (Badiou).  Putnam répond à cette critique émise par d’autres que Badiou, en disant que la philosophie n’est pas qu’une thérapie débouchant sur la mise en évidence de non-sens manifestes (§ 464 des Recherches philosophiques). Il reste que l’expression peut être aussi prise en bonne part. L’expression n’est pas forcément polémique, ainsi, comme le fait remarquer Jacques Bouveresse, son emploi sous la plume de Paul Valéry (à propos de Descartes, qualifié d’« anti-philosophe » !). Elle peut aussi désigner un mouvement interne à la pensée philosophique en acte, un moment de sa constitution.

Que recouvre ce qualificatif ? Quels en sont les usages? Pourquoi la philosophie du langage serait-elle mieux désignée qu’une autre pour être qualifiée d’ « antiphilosophique » ? Nous trouvons-nous acculés à un « activisme sans philosophèmes » (Emerson cité par Cavell) sous prétexte que nous aurions à choisir entre multiplicité avec Etre (Badiou/Platon), ou multiplicité sans Etre (Putnam/Wittgenstein)?

2013-2014 : Vie des formes et Formes de vie

Le sujet de cette année pourrait tenir en ce renversement : de la vie des formes (expression que l’on trouve frappée par exemple par Henri Focillon dans son ouvrage de 1943) aux « formes de vie » (Wittgenstein). Nous suivrons les méandres de ce renversement qui, propre au « motif », fait de l’espèce de vie qu’il configure, l’objet-même  d’une saisie formelle où contenu et forme ne se distinguent plus, ainsi dans le « formalisme musical » de Eduard Hanslick. Notre ligne de réflexion suit en somme cette remarque formulée à propos des écrits de Boris de Schloezer sur la musique, selon  laquelle il s’agit moins d’exprimer un vécu, que de vivre au sens d’exprimer des signes.

L’approche implique une critique du « mécanisme » en philosophie du langage. « Grammatik is nicht Mechanismus » a écrit Wittgenstein vers 1933, tandis que, de son côté, l’épistémologue français Gilles Granger qui l’a lu, déclare que la philosophie « n’est pas une musique à programme ».

2012-2013 : Séminaire Langage et vie

(Pour en savoir plus)

Séminaire Maison des sciences de l'homme Paris-Nord, Université Paris 8 et Fondation Maison des sciences de l'homme


Equipe

Antonia Soulez
Pierre Fasula

Publié le 18 novembre 2013