Le nœud du monde : politique du corps (post)colonial

Perspectives croisées Amériques-Afrique-Europe

Programme Amériques

Groupe de Recherche « jeunes chercheurs »

À partir d’une approche interdisciplinaire, ce séminaire de jeunes chercheurs souhaite réfléchir aux conditions corporelles de la domination (post)coloniale dans les Amériques, et plus précisément dans l’« Atlantique noir », considérant les effets de la catégorisation et des processus de subjectivation politique. Les multiples assignations par lesquelles un corps est racialisé, genré, sexualisé, localisé, nationalisé, tant dans l'espace public que dans l'espace privé en font un témoin privilégié des changements sociopolitiques et culturels de l'après-colonisation.  À quelles conditions le corps est-il une présence au monde, en tant qu’il est un corps politique, un corps voyageur, un corps dans ses environnements ? Comment penser les formes de domination et de résistance à partir des langages du corps marqué par les constructions d’identité, le poids des stigmatisations et les stratégies d’intégration?

À travers ces séances, nous explorerons comment les rencontres, et particulièrement celles de la colonisation, dans son héritage et sa mémoire, font du corps le lieu d’une mise en question du soi et de l’autre.

La première partie de notre séminaire (2014) était axée sur les normes et les assignations corporelles. Pour cette année 2015, nous avons souhaité garder la même thématique d’une politique du corps (post)colonial dans une perspective triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, en la déployant à partir d’une pensée de l’émancipation et des phénomènes de résistances. Quelles formes d’action ont-elles été possibles ? Quelles ont été les résistances du marquage des corps dans un contexte postcolonial ? Il s'agira de s'interroger sur les nombreuses résistances contemporaines face aux formes de domination et de montrer comment celles-ci remettent en cause des structures épistémiques, économiques et politiques léguées par les différents phénomènes de colonisation. Ce deuxième volet permettra d’explorer la résistance de cette mise au monde du corps et de prendre en considération les mouvements sociaux interrogeant la question de la mémoire et de la réparation, les révolutions actuelles, les mouvements écologiques décoloniaux, la problématique des identités politiques et les pratiques artistiques.

 

Equipe

Responsables du séminaire : Pauline VERMEREN et Malcom FERDINAND, doctorants en philosophie et sciences politiques, au laboratoire du Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques (CSPRP) de l’université Paris 7-Denis Diderot.

Pauline Vermeren est postdoctorante pour le projet IDEX Sorbonne Paris Cité "Écrire l'histoire depuis les marges" (EHDLM). Elle est docteure en philosophie et sciences politiques et chercheure affiliée au Laboratoire de changement social et politique (LCSP) de l'université Paris 7-Diderot. Elle est également titulaire d’un master en philosophie (Paris 1-Sorbonne) et en sociologie/anthropologie (Paris 7-Urmis). Dans le cadre de son travail doctoral, elle a été rattachée au Centre Marc Bloch (Berlin) et à l’université européenne Viadrina (Frankfurt-Oder), et a bénéficié d’une bourse de recherche dans le cadre du projet européen « Tolerace » (FP7-Commission européenne). Son travail de thèse porte sur une critique politique et phénoménologique de la catégorie « noire » comme condition de possibilité à penser l’identité et la « race » en France. Parallèlement, elle aborde ces questions, à partir d’une perspective transatlantique, notamment sur Haïti.

Malcom Ferdinand obtient, en 2007, un master d’ingénierie civil à l’University College London avec une spécialisation sur l’étude des impacts environnementaux. Après une expérience professionnelle en Afrique du Nord dans le domaine de l’environnement, il entame des recherches sur les dimensions sociales, politiques et philosophiques des problèmes environnementaux et obtient un master en sociologie et philosophie politique à l’Université Paris Diderot en 2011. Rattaché au Centre de Sociologie des Pratiques et Représentations Politiques (CSPRP), il y poursuit actuellement une recherche doctorale en sciences politiques au sujet des relations entre écologie, identités et politique dans la Caraïbe et dans une perspective comparative, s’appuyant sur les expériences de la Martinique, de Porto Rico et d’Haïti. Sa recherche est cofinancée par l’ADEME et le Conseil Régional de Martinique.

 

Publié le 9 janvier 2014