Les chiffres de la consommation urbaine de produits bovins, Léopoldville années 1950

30 janvier | Séminaire « Chiffrer et déchiffrer les empires, XVIII-XXIe siècles »
Jeudi
30
janvier
2025
10:00
12:00
Chiffrer et déchiffrer les empires, XVIII-XXIe siècles

Les interprétations économétriques des effets de la domination coloniale moderne fondées sur les statistiques coloniales et les recherches qui interrogent les interactions entre les empires coloniaux, les populations colonisées et les institutions internationales, suscitent un intérêt renouvelé pour la production statistique impériale. Celle-ci reste pourtant mal connue.

Découvrez la cinquième séance du séminaire « Chiffrer et déchiffrer les empires, XVIII-XXIe siècles » : «Les chiffres de la consommation urbaine de produits bovins, Léopoldville années 1950 » avec Louise Barré, postdoctorante au sein de l’ERC Cattlefrontiers (Université de Gand). Elle étudie l’approvisionnement alimentaire des villes de Kinshasa et de Brazzaville à la période coloniale. Elle est l’autrice d’un article « Compter pour planifier » (Politique Africaine, 2017) dans lequel elle expose les formes de décompte par échantillon pratiquées jusqu’au premier recensement de la population ivoirienne en 1974, et les préjugés patriarcaux qui le sous-tendent. Ses recherches actuelles l’amènent à mobiliser une documentation statistique fiscale, commerciale et douanière sur le Congo belge et le Congo français à l’époque coloniale. Le livre issu de sa thèse, intitulé La famille patriarcale en dispute, Côte d’Ivoire 1949-1968 est à paraître en janvier 2025 aux Éditions ENS Éditions.

Comment contourner les désintérêts administratifs et partant, l’absence, le manque ou l’incomplétude des chiffres ? Des études sur le pouvoir colonial ont répondu à cette question en exploitant les divergences entre métropoles et territoires, ou entre services administratifs, ou encore entre instances internationales et administrations nationales. Ce jeu d’acteurs dirige aussi la présente incursion dans les statistiques commerciales et douanières des années 1950 au Congo belge. Si l’administration tient les comptes de la production bovine locale destinée à assurer l’alimentation des urbains, sa responsabilité ne s’étend que sur une partie limitée de population constituée par les employés étatiques ou des sociétés privées. C’est à eux que s’adresse notamment une récente politique des prix, génératrice d’une quantité de décrets sur la viande dans la province de Léopoldville après 1949. Pourtant, la consommation urbaine ne se limite pas aux denrées surveillées par l’administration, elle inclut des produits échangés issus de l’environnement, mais aussi une quantité de produits issus de l’industrialisation alimentaire mondiale qui, échappant au contrôle des prix du fait de leur nature ou de leur quantité, sont pourtant selon d’autres sources une composante croissante des régimes urbains. Cette présentation vise à compléter notre vision des approvisionnements en produits bovins, mettant en valeur un jeu d’entrepreneurs internationaux qui ouvrent de nouveaux marchés alimentaires, pour satisfaire des formes croissantes de consommations différenciées.

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Publié le 10 décembre 2024