Commémorer les travailleurs chinois de la Première Guerre mondiale en France

La Maison Suger a le plaisir d’accueillir la troisième séance du séminaire mensuel du réseau de recherche international "La nouvelle Sinologie française", intitulée "Commémorer les travailleurs chinois de la Première Guerre mondiale en France : pratiques patrimoniales et enjeux mémoriels au sein de la diaspora chinoise", en présence de Juan DU, maîtresse de conférences à Cergy Paris Université, chercheuse à Héritages.

En réponse à la pénurie de main-d’œuvre provoquée par la Première Guerre mondiale, plus de 140 000 travailleurs chinois furent recrutés sous contrat par les gouvernements britannique et français à partir de 1916. Bien que cette histoire ait été étudiée par plusieurs historiens, elle demeure largement absente des récits nationaux français comme de l’historiographie de l’immigration. Depuis la fin des années 1980, des immigrants chinois installés en France ont entrepris de raviver cette mémoire en se rendant, deux fois par an, dans les cimetières de Picardie pour honorer ces travailleurs "ancêtres".

Cette communication s’appuie sur des enquêtes ethnographiques, combinant observations participantes, entretiens et analyses de discours commémoratifs. Elle propose d’examiner comment ces pratiques de mémoire se sont constituées en véritables formes de patrimonialisation portée par les diasporas chinoises. On s’intéressera particulièrement à la pluralité des acteurs engagés dans ces processus — associations, représentants diplomatiques, élus locaux, descendants — et aux négociations symboliques qui accompagnent la mise en récit de cette mémoire. Enfin, ce travail interrogera les significations contemporaines de la réactivation de cet héritage longtemps marginalisé, en la replaçant dans les dynamiques identitaires et les enjeux de reconnaissance des communautés chinoises en France.

Juan DU est maîtresse de conférences à Cergy Paris Université, chercheuse à Héritages (UMR 9022). Sa thèse porte sur les marchés ethniques du marché et du logement des migrants chinois en Île-de-France. Ses recherches actuelles s'intéressent aux pratiques patrimoniales liées à l'histoire et à la mémoire des immigrants chinois, ainsi qu'aux circulations transnationales de savoirs et de pratiques, notamment entre la Chine et la France.

La sinologie est presque une "invention française". Pourtant, malgré l’intérêt considérablement accru pour cette discipline au cours des dernières années et son état actuel, de nombreux efforts restent à fournir pour relever les défis de son développement en France. Sans parler des difficultés liées à la conjoncture actuelle en Chine, du côté français, le manque de moyens nécessaires, les contraintes institutionnelles favorisant la compartimentation des recherches, ainsi que l’insuffisance des échanges entre chercheurs… sont autant de facteurs qui entravent son avancement.

Dans le but de renforcer les échanges entre chercheurs, en particulier ceux de la jeune génération, ce séminaire bimestriel souhaite leur offrir une plateforme de présentation pour leurs travaux. Ce séminaire se veut un lieu de rencontres intellectuelles où la diversité des approches et des thèmes pourra contribuer à une meilleure compréhension des évolutions et des enjeux liés à la Chine en France.

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Organisation

Le séminaire est organisé dans le cadre du programme "Modernité, transition et réforme en Chine" au sein de la FMSH, en collaboration avec le laboratoire Agora (CY Cergy Paris Université), sous la direction de Lun Zhang.