Cérémonie de remise des prix de la Fondation

Prix Ariane Deluz et Fonds Louis Dumont

La remise des prix Ariane Deluz et du Fonds Louis Dumont a eu lieu le mardi 18 octobre 2022 au 54 boulevard Raspail à Paris.

La FMSH gère et décerne chaque année des prix financés par des legs établis par des personnalités scientifiques disparues ou par des associations. 

Cette cérémonie a réuni les lauréats ainsi que leurs proches et directeurs de recherche ; avec les interventions de Pascal Buléon, vice-président du directoire de la FMSH, Mme Doris Bonnet, présidente du jury du Prix Ariane Deluz et Mr Jean-Claude Galey, président du jury du Fonds Louis Dumont.

Les lauréats 2022

Le prix Ariane Deluz, aide à la recherche en ethnologie de l'Afrique subsaharienne, a été attribué par le jury et la FMSH à Akotchayé Aimé GUEGNI.

Pluralité religieuse et laïcité au Bénin : une ethnographie par "le haut" de l'Assemblée Nationale (EHESS)

L’objectif de cette thèse est d’analyser la représentation nationale au Bénin, afin d’appréhender : - la façon dont les députés gèrent les notions de laïcité ; - les rapports du politique au religieux ; - la concurrence entre acteurs religieux pour l’accès à l’État ; - les enjeux, tractations, pressions et lobbyings mobilisés au sein de l’hémicycle et la place des députés religieux au sein du parlement.

Ce terrain financé par le Prix Ariane Deluz me permettra de parcourir, d’une part, quatre circonscriptions électorales pendant la période (pré)campagne et de l’élection législative de janvier 2023 pour observer les candidats religieux en campagne électorale, notamment l’usage qu’ils font des signifiants religieux dans leurs discours et dans leurs comportements. Les circonscriptions identifiées sont : la 16ème circonscription électorale dans le sud du Bénin d’où sont élus un imam et un responsable paroissial de l’église du christianisme céleste ; la 9ème circonscription électorale au centre du Bénin d’où provient un député pasteur ; la 5ème circonscription électorale du député et chef religieux traditionnel ; et la dernière circonscription (la 8ème) qui se trouve dans le nord du Bénin, fortement islamisé.

D’autre part, je ferai un long séjour à l’Assemblée Nationale - après les élections législatives - afin de procéder au recueil des discours, de la littérature existante au niveau des acteurs politiques et religieux, et du personnel administratif de l’Assemblée Nationale. À cet effet, des entretiens seront réalisés, et les archives en tous genres (archives historiques, journaux, magazines, enregistrements audio) seront utilisées.

En savoir plus sur le projet

→ Lire l'entretien de Akotchayé Aimé GUEGNI 

lauréat Deluz 2022

Akotchayé Aimé GUEGNI

© Emmanuelle Corne, FMSH

Le Fonds Louis Dumont / Fonds d'aide à la recherche en Anthropologie sociale a été attribué par le Directoire du Fonds Louis Dumont à :

  • Yannis Boudina

La politique par l’éthique : ethnologie d’un réformisme salafiste en Grande-Kabylie contemporaine (Algérie) (EHESS-IMAf)

Ma recherche porte sur les modes de subjectivation des jeunesses masculines dans une localité de Grande-Kabylie, la ville de Tizi-Ouzou. La Grande-Kabylie est une région montagneuse de l’Algérie, qui fait partie des poches de berbérité du pays : c’est un de ces espaces où l’islamisation n’a pas été corrélative d’une arabisation linguistique et où les populations ont conservé leur idiome vernaculaire, le kabyle. Cette région est notamment connue pour avoir suscité une attention exceptionnelle de la part des administrateurs coloniaux au XIXe siècle. Une pléthore de discours ont été produits par les ethnographes-militaires qui ont réifié une certaine kabylité d’essence villageoise, démocrate et superficiellement musulmane. C’est ce qu’il est convenu d’appeler le « mythe kabyle », dont l’influence se fait encore sentir sur la recherche contemporaine portant sur la région. Cette focalisation a été renforcée par l’anthropologie kabyle post-coloniale, dont l’ambition était de démontrer l’authenticité culturelle kabyle contre le rationalisme arabisant de l’État algérien. Cette matrice a largement contribué à empêcher l’étude des dynamiques religieuses et citadines qui se déploient en Kabylie. Or, à la faveur de l’extension urbaine de la ville et de l’urbanisation des villages, il devient nécessaire de penser la ville kabyle. Déployer les outils de l’anthropologie urbaine sur un terrain kabyle, réinscrire l’anthropologie de la région au sein des grandes problématiques portant sur le Maghreb, ce sont les défis de mon étude doctorale.

Je suis actuellement en quatrième année de thèse. Considérant l’exigence de proximité qui caractérise la méthode ethnographique, la récolte du matériau a été particulièrement affectée par la crise sanitaire. L’obtention du fonds Louis Dumont me permettra de poursuivre une enquête ethnographique largement obérée.

Portrait de Yannis Boudina

Yannis Boudina

© Emmanuelle Corne, FMSH
  • Alessandra Fiorentini 

La Tahajara de l’Aïr. (Niger) - Un rituel de retraite/pèlerinage de la confrérie Khalwatiyya chez les Touaregs (EHESS-IIAC)

Cette recherche vise à étudier la tahajara, un rituel trop peu étudié d’une confrérie soufie de l’islam touareg, la Khalwatiyya au Niger et plus particulièrement dans le massif de l’Aïr.

L’ethnographie se fondera sur l’observation participante du rituel, sur la collecte de récits de vies ainsi que sur un travail historique de collecte d’archives écrites et orales dans la ville d’Agadez.

La tahajara, retraite collective de quarante jours, est une pratique de pèlerinage centrale dans l’islam traditionnel touareg. Autrefois dédié   à la visite et la préservation de lieux saints, ce rituel acquière de nos jours une fonction d’aide sociale et matérielle pour les communautés comme des travaux dans une mosquée, la création d’un dispensaire, mais également d’assistance dans la résolution de conflits, ou pour toute autre problème affectant l’équilibre social des villages visités.

Dans ce cadre, ma recherche se propose également d’étudier ces politiques sociale et d’assistance comme facteur de contraste de la part de la Khalwatiyya aux politiques sociales et culturelles des salafistes dans la région. Depuis 2012, la confrérie organise cette résistance   religieuse à l’islam politique par la création d’une Ligue islamique pour la protection des mosquées et lieux sacrés – Tahajara. Cette Ligue représente un lieu clés pour comprendre le rapport de la confrérie à l’État central du Niger et aux autres populations touarègues du Sahel.

Portrait d'Alessandra Fiorentini

Alessandra Fiorentini

© Emmanuelle Corne, FMSH
  • Alice Lesté-Lasserre

Ethnographie des reinôsha , les femmes spécialistes des oracles du Mont Ikoma (Japon) (Laboratoire Lincs-Université de Strasbourg)

L’objectif principal de cette étude est de réaliser une enquête ethnographique à propos des femmes spécialistes des oracles du Mont Ikoma, ce qui n’a jamais été fait de manière systématique. Afin de concrétiser cette étude ethnographique, plusieurs terrains longs seront réalisés dans ces montagnes. Comme le nombre de spécialistes des oracles diminue continuellement à cet endroit, la recherche sera davantage qualitative que quantitative. Une méthodologie d’observation participante composée d’interviews et de participation aux rituels et cérémonies locaux sera préférée pour recueillir des données à propos de parcours individuels, de ressentis personnels et de perceptions particulières de ces femmes, qui ont, dans la plupart des cas, des trajets de vie très éprouvants. Du fait que le Mont Ikoma abrite de nombreuses structures religieuses différentes telles des sanctuaires shintô, des temples bouddhistes, des temples coréens ou des églises catholiques et qu’il présente l’émergence des nouvelles religions et nouvelles spiritualités, il est d’autant plus important d’obtenir des connaissances sur la façon dont les spécialistes des oracles y exerçant ont actualisé leurs actions. La prise de connaissance des caractéristiques des spécialistes des oracles du Mont Ikoma me permettra par ailleurs de rendre compte de leur spécificité en fonction des autres spécialistes des oracles du Japon et spécialistes religieuses d’Asie de l’Est/Sud-Est.

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Alice Lesté-Lasserre

© Emmanuelle Corne, FMSH

Le dernier lauréat souhaite garder l'anonymat.

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Publié le 25 novembre 2022