Études sur la guerre

Avec 7 000 hommes actuellement déployés dans cinq opérations extérieures (bande sahélo-saharienne, RCA, Irak, Liban, Golfe de Guinée, Océan Indien), et plus de 10 000 soldats sur le territoire national dans le cadre de l’opération Sentinelle, la guerre est devenue pour les Français une réalité quotidienne. Elle a aussi changé l’image de la France à l’étranger. Profitant de l’éclipse britannique, nous sommes désormais le premier partenaire des Etats-Unis dans la lutte anti-terroriste. Les groupes armés non étatiques n’ont toutefois pas l’apanage de la menace, Moscou ayant relancé en Europe le spectre d’une guerre majeure. Pour faire face à l’intensité et la diversité de la conflictualité, la France ne peut pas compter que sur son armée. Pour faire la guerre, elle a d’abord besoin de la penser. La connaissance est essentielle pour évoluer et, dans ce domaine, nous avons beaucoup de retard.

Les études sur la guerre s’intéressent au phénomène guerrier considéré comme un fait social total (historique, politique, économique, culturel, philosophique, etc.). Elles savent que, pour paraphraser Charles Tilly, c’est la société qui fait la guerre et la guerre la société. Il est important de parler d’« études sur la guerre » plutôt que de War Studies pour s’approprier ce champ qui n’est pour l’instant développé que dans le monde anglophone, qui a admis de longue date sa légitimité et son importance, comme en témoigne par exemple la création du département des War Studies du King’s College London (1962). Au sein des études sur la guerre, les études stratégiques (Strategic Studies) se concentrent sur la préparation et la conduite de la guerre. Toujours en anglais, de nombreuses revues académiques existent, dont les meilleures (International Security, Security Studies ou le Journal of Strategic Studies) comptent parmi les plus prestigieuses de la discipline des relations internationales. Des associations professionnelles structurent le champ, comme la section « International Security Studies » de l’International Studies Association (ISA), et la production scientifique est considérable.

En France, en dépit d’une réflexion ancienne, d’initiatives nombreuses et d’un potentiel croissant, le champ reste fragmenté. D’une part, la recherche institutionnelle est éclatée dans une profusion d’instituts dont les publications souffrent d’un manque de visibilité, de crédibilité scientifique et d’influence. D’autre part, la recherche à l’université est divisée dans des silos disciplinaires (histoire, science politique, droit, sociologie, etc.) qui pourraient dialoguer davantage.

Axes de recherche

1) Les mutations de la guerre au XXIe siècle

  • la robotisation militaire (drones et politiques d’élimination ciblée, systèmes d’armes létaux autonomes dits « robots tueurs »)
  • la privatisation du militaire (compagnies militaires privées)
  • la virtualisation de la guerre (cyberconflictualité)
  • l’écologisation de la guerre (conséquences de la guerre sur l’environnement, conséquences du changement climatique sur les conflits)
  • l’hybridation de la guerre (guerre hybride, guerre furtive, guerre réfutable – développement des acteurs non-étatiques)

2) L’éthique de la guerre, qui pose la question de sa légitimité : à quelles conditions peut-on dire d’une guerre qu’elle est juste au sens du jus ad bellum (le droit d’entrer en guerre), du jus in bello (le droit dans la guerre) et du jus post bellum (le droit après la guerre) ? Ce dernier volet est une ouverture vers les « études sur la paix » (Peace Studies) qui portent sur la prévention et la résolution des conflits.

Pour les étudier, nous veillerons à toujours adopter une approche interdisciplinaire – par objet plutôt que par discipline – et internationale, c’est-à-dire décentrée. La Chaire a trois objectifs : comprendre, prévoir et conseiller. Elle n’a pas qu’une ambition théorique : elle vise également à guider l’action des praticiens des conflits armés.

Initiatives de recherche

  • la conférence inaugurale aura lieu en janvier 2016.
  • un colloque annuel, qui aura traditionnellement lieu fin mai.
  • un séminaire mensuel, durant l’année universitaire, entre octobre et juin.
  • une conférence de presse régulière qui permettra d’aborder, avec les journalistes, les sujets d’actualité et de présenter les travaux de la Chaire.
  • des réunions avec les décideurs, civils et militaires, publics et privés.
  • des partenariats étrangers

La Chaire s’associera régulièrement aux activités de l’Association pour les Etudes sur la Guerre et la Stratégie (AEGES), dont Jean-Baptiste Jeangène Vilmer est le vice-président.

Dans les médias

Penser la guerre - Le Monde / 27-11-2015
Plaidoyer collectif pour des War Studies en France

Les fondements de l’intervention française en Syrie - La Croix / 27-11-2015
Tribune de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer sur l’intervention française en Syrie

Equipe

Titulaire : Jean-Baptiste Jeangène Vilmer

Chercheurs associés :

  • Jean-Vincent Holeindre, professeur de science politique à l’université de Poitiers
  • Olivier Schmitt, professeur de relations internationales, Center for War Studies, University of Southern Denmark
  • Général Benoît Durieux, directeur du Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM)

 

Publié le 6 octobre 2015